logo

Violences policières : Gérald Darmanin "s'étouffe", la famille Chouviat "choquée"

Le ministre de l'Intérieur a déclaré mardi qu'il "s'étouffait" quand il entendait les termes de "violences policières". Une sortie qui a "scandalisé" la famille de Cédric Chouviat, mort en janvier après avoir répété plusieurs fois "j'étouffe" lors d'une interpellation policière. 

"Quand j'entends le mot 'violences policières' personnellement je m'étouffe", a déclaré mardi 28 juillet Gérald Darmanin devant la commission des lois de l'Assemblée nationale. Comme ses prédécesseurs, le ministre de l'Intérieur a réfuté ces termes, qu'il juge "antinomiques". 

"La police exerce une violence certes mais une violence légitime. (...) Elle doit le faire de manière proportionnelle, elle doit le faire de manière encadrée. Que quelques personnes le fassent en dehors des règles déontologique, la sanction doit être immédiate", a-t-il ajouté. "Mais il est normal que les policiers et gendarmes soient armés, interviennent par la force, pour que la force reste à la loi de la République et pas celle des bandes ou des communautés", selon lui. 

"Il peut y avoir des dérives, qu'on doit sanctionner et je pense que le gouvernement les sanctionne et s'il ne le fait pas, la presse, les syndicats, les parlementaires rappellent à la hiérarchie policière, au ministre de l'Intérieur, ce qu'il doit faire et c'est bien légitime", a-t-il estimé. 

La famille Chouviat "scandalisée" et "choquée"

La déclaration du ministre de l'Intérieur n'a pas tardé à faire réagir la famille de Cédric Chouviat, ce père de famille et livreur français mort en janvier dernier, à Paris, à la suite d'une interpellation policière. Plaqué au sol, l'homme de 43 ans avait crié sept fois "j'étouffe" avant de perdre connaissance, puis de succomber. 

"Les mots du nouveau ministre de l'Intérieur, qui évidemment ne peuvent être fortuits, ont profondément scandalisé et heurté la famille de Cédric Chouviat", ont affirment dans un communiqué ses avocats Me William Bourdon, Arié Alimi et Vincent Brengarth. "Chacun doit mesurer ce que disent ces propos du mépris et du cynisme du ministre de l'Intérieur pour les familles endeuillées ou meurtries par des violences policières", ajoutent-ils.

"C'est une expression française utilisée communément, comprise par tous. Il n'y avait aucune arrière-pensée", a répondu l'entourage du ministre. 

Vous venez, Monsieur Darmanin, de dépasser toutes les limites de la décence. Vous m'étiez indifférent. Plus maintenant. À bientôt sous d'autres auspices. #CédricChouviat #jem'etouffe https://t.co/2TLRdqUmHr

— Arié Alimi (@AA_Avocats) July 28, 2020

Les clés dans le "trousseau de l'Éducation nationale"

La veille, Gérald Darmanin avait poursuivi son argumentaire devant l'Assemblée en jugeant que la crise de l'autorité venait de loin. Il pense que "les clés de la solution, (...) c'est le trousseau du ministre de l'Éducation nationale".

"Quand on s'occupe des enfants de maternelle, je suis sûr qu'à la fin la police a un peu moins de travail. Je ne suis pas angélique, il y aura toujours des gens qui, malgré une bonne éducation, seront violents, seront trafiquants et il faudra les sanctionner. Mais il est évident que quand on a peu de mots de vocabulaire, quand on n'a pas connu l'autorité quand on était enfant, qu'on est excusé sur tout et à tout moment, on a une crise de l'autorité quand on a 15, 20, 25 ans", selon lui.

Avec AFP