logo

Le numéro deux de France Télécom remplacé par Stéphane Richard

France Télécom a déchargé de ses responsabilités le numéro deux du groupe, Louis-Pierre Wenès. Il sera remplacé par Stéphane Richard (photo), ancien directeur de cabinet de la ministre de l'Économie, Christine Lagarde.

A la veille d’un appel à la grève lancé par plusieurs syndicats de France Télécom, le numéro deux du groupe, Louis-Pierre Wenès, a démissionné. Il sera remplacé par Stéphane Richard, arrivé au début de septembre dans la société. Dans la foulée, l’entreprise a annoncé la prolongation du gel des mutations jusqu’au 31 décembre.

Louis-Pierre Wenès était arrivé chez France Télécom il y a sept ans, et avait supervisé à partir de 2005 le fameux plan Next, qui prévoit les restructurations et les centralisations auxquelles s’opposent les syndicats. Ce plan était sous le feu des critiques depuis que 24 salariés ont mis fin à leur jour en 18 mois. "Wenès est symbolique : c'est lui qui a institué le management par la terreur, il doit partir", avait déclaré Pierre Morville, de la CFE-CGC, à l’AFP, il y a quelques jours.

‘’Nous sommes satisfaits qu’il parte, déclare Pierre Dubois, délégué syndical CFDT, interrogé par FRANCE 24. Nous avions envoyé il y a quelques jours un courrier à Wenès, lui demandant de se soumettre ou de se démettre.’’ Dans cette lettre ouverte, datée du 25 septembre, la CFDT dénonçait le ‘’déni de la réalité’’ et ‘’le cynisme (du) discours’’, dont Wenès aurait fait preuve dans une interview accordée, la veille, au ‘’Nouvel Observateur’’. Dans cet entretien, l’hebdomadaire demandait à Louis-Pierre Wenès s’il redoutait de perdre son poste après la vague de suicides. Ce à quoi il répondait : ‘’Je considérerais alors que je suis victime d'une monstrueuse manipulation’’.

‘’L’éviction de Wenès, c’est la conséquence logique des derniers évènements : les bourdes qu’il a commises ces derniers jours, son désaccord avec les mesures de gel au-delà du 31 octobre, poursuit Pierre Dubois. D’ailleurs, dès qu’il est parti, le gel [des mutations] a été prolongé jusqu’au 31 décembre. Ce qui nous laissera le temps de négocier.’’


Dans une lettre interne adressée aux salariés de France Télécom, Wenès justifie sa démission et évoque les suicides de ces derniers mois : ‘’Comme vous, j’ai été bouleversé par les événements tragiques qui nous ont frappés ces dernières semaines. Mon sens de la retenue m’a souvent empêché, peut-être à tort, d’exprimer ce que je ressentais et de mieux expliquer ce que je faisais.’’ Et l’ancien numéro deux du groupe de dédier ‘’la décision qu’(il vient) de prendre à tous les salariés de France Télécom.’’

L’ancien ‘’dircab’’ de Christine Lagarde

Stéphane Richard, qui est entré officiellement dans l’entreprise au début de septembre, était présenté depuis plusieurs mois par Didier Lombard comme son successeur. Il prend donc le fauteuil de Louis-Pierre Wenès. ‘’Richard a plutôt une image correcte’’, estime Ivan Le Roy, auteur de ‘’Orange stressé, le management par le stress à France Télécom'’ (édition La Découverte, octobre 2009), interrogé par FRANCE 24. ‘’Meilleure en tout cas que Wenès, qui à son arrivée dans France Télécom dans les valises de Thierry Breton, était d’emblée perçu comme un ‘cost-killer’.’’ La coupure entre la direction et les syndicats est tellement abyssale, que changer la tête du numéro deux ne peut qu’être bon signe.’’

‘’Richard, c’est l’inconnu pour nous, répond Pierre Dubois, de la CFDT. On espère que le style va changer. Et on espère aussi qu’il aura un regard neuf sur le fond, sur les restructurations. Avec Wenès, il n’y avait de toute façon pas de dialogue social. Nous ne l’avions jamais rencontré, jusqu’à la semaine dernière.’’

Stéphane Richard fut, jusqu’en mai dernier, lorsqu’il a été désigné comme successeur de Didier Lombard, à l’horizon 2011, l’ancien directeur de cabinet de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. Le journal ‘’L’Expansion’’ avait qualifié l’annonce d’’’affaire Pérol bis’’. La commission de déontologie de la fonction publique avait alors demandé que Stéphane Richard ‘’s’abstienne, jusqu’au 30 juin 2012, de toute relation professionnelle avec le cabinet du ministre de l’Economie.’’