Les 27 ont poursuivi dimanche leurs négociations sur le plan de relance européen qui doit permettre à l'économie du continent de se relever après la crise du coronavirus. Angela Merkel a évoqué la possibilité "qu'il n'y ait pas de résultat".
Les rencontres se sont multipliées entre dirigeants européens dimanche 19 juillet à Bruxelles, dans l'espoir d'éviter un échec sur la négociation du plan de relance post-coronavirus, qui a mis à jour d'importantes divisions entre États.
Au troisième jour d'un sommet prévu pour en durer deux, après plus de 55 heures de réunions, les discussions à 27, plusieurs fois repoussées, ont repris autour d'un dîner vers 19 h 20 (17 h 20 GMT).
Les frugaux + la Finlande bloquent à 375 milliards de subventions. Les 22 autres ne veulent pas descendre sous 400.
5 pays sont-ils prêts à faire échouer le sommet pour 25 milliards ?
C'est la question au menu du dîner.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, médiateur du sommet, a multiplié toute la journée les rencontres en tête-à-tête ou en petits groupes, le plus souvent sur le balcon de son bureau où une longue table a été installée et dont les photos ont rythmé les réseaux sociaux.
Welcome to day 3 of #EUCO on #MFF and Recovery Fund@eucopresident started meeting just now with Chancellor Merkel @RegSprecher and president @EmmanuelMacron and @vonderleyen pic.twitter.com/uPfWfQAO5U
— Barend Leyts (@BarendLeyts) July 19, 2020Les choses "bougent doucement"
L'issue du sommet, le plus long des dirigeants de l'Union européenne (UE) depuis celui de Nice en 2000 sur une révision des traités dans le cadre de l'élargissement à l'Est (quatre jours et quatre nuits), restait très incertaine. Les choses "bougent doucement", a avancé une source européenne.
Le Luxembourgeois Xavier Bettel, habitué des sommets depuis sept ans, a avoué avoir "rarement vu des positions aussi diamétralement opposées, sur beaucoup de points".
Sur la table des négociations, un fonds constitué par une capacité d'emprunt de 750 milliards d'euros pour relancer l'économie européenne, qui affronte une récession historique, adossé au budget à long terme de l'UE (2021-2027) de 1 074 milliards d'euros.
Les dernières discussions ont surtout porté sur la portion du fonds de relance qui sera consacrée aux subventions, par rapport à ce qui serait reversé aux États sous forme de prêts (et donc remboursables).
Les pays dits "frugaux" (Pays-Bas, Autriche, Suède, Danemark, auxquels on associe la Finlande) privilégient les prêts et prônent une diminution du volume global du plan.
L'unanimité nécessaire des 27 États membres rend un accord particulièrement difficile. D'autant qu'il ne s'agit pas du seul point de friction.
Parmi ceux-ci, le lien entre le versement des aides et le respect de l'État de droit, qui hérisse particulièrement Budapest et Varsovie, actuellement dans le collimateur de l'UE.
Paris et Berlin pour d’importantes subventions
Concernant les subventions, France et Allemagne souhaitent qu'une partie substantielle du budget de relance y soit consacrée, dans l'esprit du fonds de 500 milliards qu'ils avaient proposé mi-mai. Et ils soutiennent que la somme prévue pour un soutien direct aux plans de réforme nationaux soit de 325 milliards d'euros, comme dans la dernière proposition, selon des sources européennes.
Les frugaux ont quant à eux proposé un équilibre parfait entre les deux, selon ces sources. "On cherche un compromis entre 350 et 400" milliards d'euros, a confié une source à l'AFP.
La chancelière allemande Angela Merkel avait ouvert la journée en prévenant qu'il était "possible qu'aucun résultat ne soit obtenu", tandis que le président français Emmanuel Macron avait averti que les "compromis" ne pouvaient pas se faire "au prix de l'ambition européenne".
Le deuxième jour de discussion, sous haute tension, s'était achevé dans la nuit de samedi à dimanche sur une réunion "très dure", selon plusieurs sources, entre le président français, la chancelière allemande et les dirigeants des quatre "frugaux" et de la Finlande.
Pour tenter d'amadouer le Néerlandais Mark Rutte, particulièrement réservé sur le paquet de relance et qui réclame l'unanimité pour la validation des plans de réforme nationaux réclamés en contrepartie des aides européennes, Charles Michel a proposé un mécanisme permettant à un pays qui aurait des réserves d'ouvrir un débat à 27.
Une telle configuration équivaudrait de facto à un droit de veto pour chaque capitale. Cette demande inquiète Rome et Madrid, qui craignent d'être soumis à un programme de réformes (marché du travail, retraites...) imposé.
Avec AFP