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L'ex-ministre des Finances ivre lors du G7 a été retrouvé mort

L'ancien ministre japonais des Finances Shoichi Nakagawa, démissionnaire en février dernier après avoir été accusé d'ivresse lors d'une conférence de presse du G7, a été retrouvé mort dans une chambre de sa maison, à Tokyo.

AFP - La mort dimanche de l'ex-ministre des Finances japonais Shoichi Nakagawa clot la spectaculaire descente aux enfers de cet ancien poids-lourd de la droite nippone, expulsé du gouvernement en février pour s'être présenté en état d'ivresse apparente à une réunion du G7.

M. Nakagawa, retrouvé mort dimanche à son domicile de Tokyo à l'âge de 56 ans, était connu au Japon pour ses opinions conservatrices et nationalistes radicales, mais aussi pour ses excès de boisson.

Cet homme aux traits burinés et à la voix gutturale, qui s'exhibait volontiers la chemise largement ouverte sur son torse, était entré en politique en 1983 après le mystérieux suicide de son père, un dirigeant local de l'île de Hokkaido (nord) subitement retrouvé mort dans une chambre d'hôtel de Tokyo. Shoichi Nakagawa avait alors interrompu une carrière de banquier pour briguer avec succès le siège paternel de député.

Il était entré au gouvernement pour la première fois en 1998, en tant que ministre de l'Agriculture. Il avait ensuite tenu le portefeuille de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, puis à nouveau de l'Agriculture, sous le Premier ministre libéral Junichiro Koizumi (2001-2006).

Puis, en septembre 2008, il s'était vu confier le poste de ministre des Finances par le Premier ministre Taro Aso, dont il était l'ami de longue date.

Son penchant avoué pour la bouteille, avec une prédilection pour le gin-tonic, lui avait auparavant joué quelques tours dans sa vie publique. Mais c'est son état apparent d'ébriété pendant une conférence de presse du G7 à Rome en février 2009 qui sera à l'origine de sa chute spectaculaire.

Les télévisions japonaises avaient diffusé en boucle les images de M. Nakagawa le teint rougeaud, la voix pâteuse, incapable de finir ses phrases et s'endormant même à plusieurs reprises face aux reporters qui lui posaient des questions sur la crise économique mondiale.

Après cette conférence de presse, le ministre avait semé l'effroi par son comportement erratique dans un musée du Vatican, pénétrant dans des périmètres interdits au public et touchant des statues anciennes, selon les médias.

Le ministre avait justifié son état par un excès de médicaments antigrippaux mais, face à l'ampleur du scandale, il avait fini par démissionner, aggravant les déboires du déjà très impopulaire Taro Aso.

Le Parti libéral-démocrate (PLD) de M. Aso avait finalement subi une débâcle historique lors des élections législatives du 30 août, au cours desquelles M. Nakagawa avait perdu le siège de député qu'il occupait depuis plus de 25 ans.

Shoichi Nakagawa était un adepte des déclarations fracassantes. Il avait ainsi affirmé que "les femmes ont leur propre place" dans la société, consistant selon lui à s'occuper "d'arrangements floraux, de couture et de cuisine".

Il avait aussi déclaré que les navires écologistes qui perturbent la chasse à la baleine menée chaque année par les Japonais devaient être coulés.

Viscéralement nationaliste, il fustigeait volontiers la Chine et les deux Corées et plaidait pour l'enseignement du patriotisme à l'école.

Il n'avait pas hésité non plus à plaider pour que le Japon se dote de la bombe atomique, un sujet tabou dans l'archipel victime des deux seuls bombardements nucléaires de l'histoire, à Hiroshima et Nagasaki en 1945.

En économie, M. Nakagawa était un interventionniste qui reconnaissait cependant la nécessité de réformes libérales sur le long terme, ainsi qu'un farouche opposant du protectionnisme qu'il qualifiait de "mal absolu".