Quelques centaines de policiers se sont rassemblés dimanche soir à Paris pour protester contre les dernières annonces gouvernementales, malgré le soutien affiché d'Emmanuel Macron lors de son allocution. Ce dernier s'est également montré ferme concernant le déboulonnage de statues.
Sirènes hurlantes, gyrophares bleus allumés, menottes à terre… Plusieurs centaines de policiers ont manifesté, dimanche 14 juin à Paris sur l'esplanade du Trocadéro, pour protester contre les dernières annonces gouvernementales, quelques heures après une allocution d'Emmanuel Macron.
"Nous ne sommes pas du tout rassurés par le discours de ce soir, au contraire. Nous, ce que l'on veut, c'est du concret et surtout on veut que le ministre de l'Intérieur fasse machine arrière" sur les annonces de lundi dernier, a expliqué à l'AFP un policier venu avec deux coéquipiers mais qui tient à rester anonyme.
????Nouvelle action en cours des policiers sur le Trocadéro, quelques heures après l’allocution d’Emmanuel Macron. Les policiers ne décolèrent pas et multiplient les actions fortes depuis plusieurs jours. #PoliciersenColere #policiers #Paris #macron20h #police #France pic.twitter.com/PT8J3zJPR1
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) June 14, 2020"Se faire lâcher par son patron, c'est quand même terrible ! On a l'impression que c'est la rue qui commande et nous on se sent complètement abandonnés", a renchéri une autre policière en uniforme qui a souhaité, elle aussi, garder l'anonymat. Elle se dit prête à revenir tous les soirs "s'il le faut".
Plusieurs policiers ont déposé leur menottes à terre en signe de protestation malgré les déclarations quelques heures plus tôt du président de la République, qui a assuré que les policiers et gendarmes "méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la Nation".
"Sans ordre républicain, il n'y a ni sécurité, ni liberté", a déclaré le président de la République, "cet ordre, ce sont les policiers et gendarmes sur notre sol qui l'assurent". "Ils sont exposés à des risques quotidiens en notre nom", a-t-il dit.
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a reçu vendredi les syndicats policiers très remontés depuis ses annonces, notamment sur la fin de l'utilisation de la technique d'interpellation dite "d'étranglement". Devant les syndicalistes, il avait reconnu en outre "une connerie", "une maladresse" de langage quand il a annoncé lundi la suspension de tout fonctionnaire en cas de "soupçon avéré" de racisme selon les syndicalistes.
Le syndicat Alliance demande à être reçu par le président de la République et attend "des actes fort", assurant "maintenir les mobilisations".
Emmanuel Macron intraitable face au déboulonnage de statues
Lors de son allocution, Emmanuel Macron a également évoqué les manifestations contre et violences policières et antiracistes qui rassemblent des milliers de personnes en France depuis la mort de George Floyd, ce quadragénaire noir asphyxié le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc.
"Nous serons intraitables face au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations et de nouvelles décisions fortes seront prises", a-t-il promis. Mais, a-t-il prévenu," ce combat noble est dévoyé lorsqu'il se transforme en communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé. Ce combat est inacceptable lorsqu'il est récupéré par les séparatistes".
L'indépendance de la France pour vivre mieux exige notre unité autour de la République. Je nous vois nous diviser pour tout et parfois perdre le sens de notre Histoire. Nous unir autour du patriotisme républicain est une nécessité. pic.twitter.com/Trb6CkvlF6
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 14, 2020"Je vous le dis très clairement ce soir mes chers compatriotes, la République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue", alors que de nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours contre l'existence de statues ou de monuments liés à l'histoire coloniale ou la traite esclavagiste.
Les protestations antiracistes ont donné lieu dans certains pays au déboulonnage ou à la dégradation de plusieurs statues de personnalités controversées, comme aux États-Unis où une statue de l'explorateur italien Christophe Colomb a été décapitée et une autre dégradée, ou comme à Bristol, dans le sud de l'Angleterre, où la statue du marchand d'esclaves Edward Colston a été jetée dans un port.
"Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires, notre rapport à l'Afrique en particulier, pour bâtir un présent et un avenir possible, d'une rive l'autre de la Méditerranée avec une volonté de vérité et en aucun cas de revisiter ou de nier ce que nous sommes", a-t-il proposé.
Avec AFP