Dans la presse française, ce jeudi 11 juin 2020, la polémique autour de la décision de la plateforme de streaming HBO Max, de retirer temporairement le mythique film américain "Autant en emporte le vent" de son catalogue. Une initiative présentée comme une façon de participer à la lutte contre le racisme, jugée louable par certains, mais perçue comme une forme de censure, par d’autres.
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Le Monde rappelle l'importance du long-métrage de Victor Fleming - l'un des plus gros succès de toute l'histoire du cinéma, sorti en 1939, qui a raflé dix Oscars l'année suivante, et dont l'histoire présente une version romantique du Sud d'avant la guerre de sécession. Une version édulcorée de l'esclavage, accusée régulièrement de nourrir les préjugés racistes - voire une vision révisionniste de l'histoire américaine. Des thèmes qui se trouvent précisément au cœur du mouvement de protestation actuel aux États-Unis, depuis le meurtre de George Floyd. Pour la plateforme du groupe WarnerMedia, maintenir ce film dans son catalogue "sans explication (ni) dénonciation de (sa) représentation (de l'esclavage) aurait été irresponsable", et le groupe explique ne pas vouloir le censurer, mais le remettre en ligne plus tard, avec une contextualisation de l'époque.
L'initiative est saluée par le Huffington Post, qui la juge "primordiale". Interrogé par le site, le spécialiste de l'histoire du cinéma afro-américain Régis Dubois, estime que "faire disparaître totalement ce film ne serait pas une bonne idée", mais que la solution est effectivement "d'y apporter des explications ou un avertissement”, sans “détruire les traces de cette histoire-là". "Il faut regarder notre histoire en face et accompagner ces témoignages de l'histoire, cela fait partie de notre devoir de mémoire", explique-t-il, en dressant un parallèle avec les statues de colonialistes déboulonnées à Bristol ou Anvers, par des manifestants.
Le Figaro, lui, fulmine et rappelle qu'en 2017, déjà, un cinéma américain avait déprogrammé le film, après une polémique similaire. A l'époque, le journal avait réagi dans une tribune, qu'il republie aujourd'hui - un papier au vitriol contre "les petits soldats du multiculturalisme", accusés de "juger le film au regard des critères moraux" d'une autre époque, dans une attitude jugée "absurde et anachronique". "Autant en emporte le vent est sorti en salle en 1939, martèle le journal. A l'époque, Martin Luther King chantait avec le chœur de son église à Atlanta pour la première du film. La lutte pour les droits civiques n'était encore qu'un rêve lointain et l'idéologie diversitaire de la science-fiction. A ce compte, il faudrait interdire la moitié de la production cinématographique américaine de l'époque. Et en premier lieu, les westerns et leur vision mythifiée de l'Ouest, où les Indiens, présentés comme des sauvages, ont bien mérité d'être génocidés par les gentils cow-boys".
Enfin, je vous propose de jeter un cil à L'Obs, qui fait état d'un sujet nettement moins polémique, quoique… L'été arrive, et avec lui une tendance dont je vous laisse juges : le retour de la méduse, non pas l'animal, mais la sandale en plastique qui empêche de glisser sur les rochers. D'après le magazine, ce retour de la méduse s'inscrirait dans une tendance plus large, la mode des "ugly shoes", des "chaussures moches"…