Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé pour un an des opérations internationales contre les pirates sur le territoire de Somalie, par une résolution votée à l'unanimité.
AFP - Le Conseil de Sécurité de l'ONU a considérablement renforcé mardi la possibilité pour des puissances étrangères de poursuivre les pirates en territoire somalien, sans aller jusqu'à permettre les bombardements aériens.
Les 15 membres du Conseil ont approuvé à l'unanimité mardi après-midi une nouvelle résolution autorisant pour un an des opérations internationales sur le territoire de Somalie.
Contrairement à un projet précédent, la version finale de la résolution 1851 ne comporte pas, explicitement, la possibilité d'utiliser l'espace aérien somalien.
Il autorise les Etats engagés dans la lutte contre la piraterie maritime à "prendre toutes les mesures nécessaires en Somalie pour empêcher d'agir ceux qui utilisent son territoire pour préparer, faciliter ou entreprendre des actes de piraterie en mer".
Le texte, co-parrainé par la France, la Grèce, le Liberia, la Belgique et la Corée du Sud, est le quatrième document adopté par le Conseil depuis le mois de juin pour tenter de combattre la piraterie maritime au large des côtes somaliennes.
La séance s'est tenue en présence de la Secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, du chef de la diplomatie britannique David Miliband, du ministre adjoint des Affaires étrangères chinois He Yafei et du Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
Prenant la parole devant le Conseil, Mme Rice a mis l'accent sur "la menace croissante sur la liberté de navigation" que constitue la piraterie maritime, et sur "la nécessité d'une réponse commune et concertée".
"Il n'y avait pas de coordination jusqu'ici dans la réponse", a-t-elle souligné, annonçant la création d'un "groupe de contact" pour échanger des informations au niveau des services de renseignements.
"Le temps est venu d'envisager et d'autoriser une opération de maintien de la paix de l'ONU", a poursuivi par ailleurs Mme Rice, soulignant que "la prévention est essentielle dans cette question".
La Secrétaire d'Etat a insisté sur l'importance d'une stabilisation politique en Somalie, en guerre civile depuis 1991 et où un gouvernement provisoire ne contrôle qu'une faible partie du territoire.
"Ceci est un nouvel outil important pour combattre ceux qui planifient, facilitent ou commettent des actes de piraterie depuis le sol somalien", a déclaré de son côté le chef de la diplomatie britannique, David Miliband.
"Le Royaume uni considère que tout usage de la force devra être à la fois nécessaire et mesuré", a-t-il ajouté, après avoir souligné que toute opération internationale en territoire somalien devra avoir reçu l'aval du gouvernement de transition somalien.
Jeudi dernier, une organisation somalienne basée aux Etats-Unis, le Somali Justice Advocacy Center, avait affirmé dans un communiqué que sans la restauration en Somalie d'un gouvernement fonctionnant effectivement, il serait "illégal et contraire au droit international" d'autoriser de porter la lutte contre les pirates jusque sur son sol.
Les pirates somaliens détiennent depuis un mois le superpétrolier saoudien Sirius Star, le plus gros en circulation, avec 330 mètres de long, 25 membres d'équipage et 300.000 tonnes de pétrole.
Cette prise est la plus spectaculaire des écumeurs des mers, qui ont attaqué une centaine de bateaux depuis le début de l'année.
La communauté internationale a considérablement renforcé cette semaine son dispositif militaire de lutte contre la piraterie au large de ce pays. La Grande-Bretagne et le Kenya ont signé un protocole d'accord visant à permettre à la marine britannique, en cas d'arrestation de pirates au large des côtes somaliennes, de les remettre aux autorités kényanes pour les juger.