Malgré la mise en place du plan de déconfinement en France, les plages demeurent interdites d’accès. Privés de vagues depuis deux mois, les surfeurs espèrent toutefois pouvoir bientôt se remettre à l’eau. Quitte à braver les interdictions.
Cela faisait deux mois qu’ils étaient privés de vagues en raison de la crise du Covid-19… À Cannes, dans le sud de la France, de jeunes surfeurs ont profité du premier jour du déconfinement, le 11 mai, pour se remettre à l’eau. Problème : les activités nautiques de plage demeurent interdites sur tout le territoire.
"On a surfé deux-trois heures puis il y a des gendarmes qui sont arrivés et nous ont fait sortir de l’eau. Mais on n’a pas attendu longtemps avant de retourner dans l’eau…", plaisante l’un des intrépides surfeurs. "Vu que c’est hors-la-loi de surfer, on fait quand même gaffe", rapporte un autre qui veut éviter de payer l’amende de 135 euros infligée à toute personne surprise en train de faire trempette… ou tout simplement bronzant sur le sable.
Depuis l’annonce du plan de déconfinement par le Premier ministre Édouard Philippe, la réouverture des plages fait débat en France. Craignant un afflux de visiteurs sur le littoral, le gouvernement avait prévu de prolonger leur fermeture jusqu'au mois de juin. Une décision qui avait alors suscité l’incompréhension des élus locaux. "On va pouvoir aller faire ses courses sur les Champs-Élysées, ou rue Sainte-Catherine à Bordeaux. Mais sur des centaines de kilomètres de plages de sable fin, on ne fait pas confiance aux élus, on les méprise une fois de plus et on ne leur donne pas l'opportunité de démontrer que nous sommes capables de pouvoir organiser cela", s’insurgeait, le 4 mai, Laurent Peyrondet, maire de Lacanau, dans le Sud-Ouest.
"Plages dynamiques"
Face à la levée de boucliers des édiles, le gouvernement a indiqué que la réouverture des plages se ferait au cas par cas. Les maires soucieux de rendre la côte accessible au public doivent en faire la demande aux préfets, qui devront ensuite trancher. Conscients des risques sanitaires que pourraient provoquer de grands rassemblements, même à l’aire libre, les édiles et les associations prônent pour l’instauration de "plages dynamiques", c’est-à-dire des plages où seules les activités sportives seront autorisées. Les pique-niques et les séances de bronzage sur le sable resteront donc interdites.
En attendant les décisions préfectorales, les instances sportives insistent sur l’urgence de la situation. "Le surf, c'est aussi tout un tas de petites entreprises, mais qui peuvent avoir jusqu'à 5-6 salariés et saisonniers, ils font partie de l'économie du littoral. Il y a des gens qui choisissent leur destination pour venir surfer donc tout cela, c'est une économie fragile, et tout cela sera en péril si on démarre la saison à la fin du mois de juin", estime Jean-Luc Arassus, président de la Fédération française de surf (FFS) interrogé par l’AFP.
La FFS compte 80 000 licenciés et évalue à 700 000 le nombre de pratiquants. Nombre d’entre eux espèrent ainsi pouvoir se jeter à l’eau dès ce week-end. Quitte à braver les éventuelles interdictions… "Je ne peux pas vous dire qu'on arrivera à calmer, à discipliner, à contenir l'envie et la passion de tout le monde. J'espère que ça se passera au mieux", veut croire Jean-Luc Arassus.
Avec AFP et Reuters