
Ils sont dans le viseur des militants environnementaux depuis longtemps : les marchés aux animaux, parfois sauvages, où s’entassent des dizaines d’espèces différentes. Entre saleté et promiscuité, ce sont des nids à virus. Aujourd'hui, la pandémie de Covid-19 met en lumière les risques sanitaires liés à ces marchés, même si l’origine animale de la pandémie n’est pas établie avec certitude. Faut-il interdire le commerce d'animaux sauvages ? D'autres pandémies nous attendent-elles à l'avenir ?
La plupart des scientifiques pensent que l'origine de la pandémie de Covid-19 est à chercher du côté des chauves-souris, qui auraient transmis le virus à un autre animal – peut-être le serpent ou le pangolin 0, qui auraient, à leur tour, contaminé l’être humain.
En janvier, la Chine, suspectant le coronavirus de provenir d’une viande vendue sur un marché de Wuhan, épicentre de l'épidémie, a interdit le commerce et la consommation d’animaux sauvages, une pratique profondément ancrée dans la culture du pays. "Nous mangeons cette nourriture depuis des milliers d’années. On devrait être plus prudents : faire cuire plus longtemps les aliments et vérifier s’ils sont frais", témoignent des habitués du marché de Wuhan.
Peter Li, spécialiste de la politique chinoise, à l'université de Houston Downtown, aux États-Unis, explique qu’il y a des millions d’animaux sauvages dans des fermes chinoises : "On les élève pour prendre leur fourrure, les utiliser dans le cadre de la médecine traditionnelle ou dans des laboratoires".
Un commerce mondial
Fin mars, la Chine a d'ailleurs donné son feu vert à la mise sur le marché d’un médicament à base de bile d'ours, afin de soigner des patients atteints du Covid-19. Le remède comprend une injection de bile d'ours, de poudre de corne de chèvre et d'extraits de plantes. Environ 20 000 ours seraient enfermés dans le pays dans des cages étroites, le ventre relié à un tuyau, pour extraire leur bile. Les associations de défense animale crient au scandale.
Mais comme l’explique Richard Thomas, de l’ONG Traffic, la Chine est loin d’être le seul pays responsable. "Le commerce des espèces sauvages est mondial. Tous les pays font commerce des produits issus de la faune et de la flore sauvages. La France, par exemple, fait un commerce important de strombes géants, un gastéropode des Caraïbes, et importe des millions de reptiles, en particulier leurs peaux. Tous les animaux qui font l'objet d'un commerce présentent un risque de maladie".
À tort ou à raison, aujourd’hui le symbole de ce risque animal est la chauve-souris. Au Pérou, le petit mammifère est désormais la cible d'attaques. Dans le nord du pays, des habitants ont brûlé des chauves-souris par peur du virus.
Pour Richard Thomas, il faut tirer les leçons de la crise sanitaire actuelle. Une coordination internationale sur le commerce des animaux sauvages est impérative, car "si les choses reprennent exactement comme elles étaient avant, il y aura probablement une autre épidémie".