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En France et ailleurs, alors que la pandémie de Covid-19 nous maintient confinés, la période est propice à la découverte de nouvelles séries sur nos écrans. Avec "Le Bureau des légendes" saison 5, "Dérapages" et "Tales from the Loop", le service culture de France 24 vous recommande quelques pépites et valeurs sûres.

Le retour du "Bureau des légendes" pour une 5e saison (Canal+)

Pour ceux qui ne connaissent pas le terme, une "légende" est la fausse identité prise par un agent secret pour mener sa mission dans un pays étranger. Elle est au cœur de l'intrigue du "BDL", pour les accros, la série d'espionnage française "intelligente et authentique", dixit le New York Times, qui la classait en troisième position des meilleures séries internationales produites ces dix dernières années.

Le "Bureau des légendes" doit son succès à son créateur, Éric Rochant, auteur du film "Les Patriotes", qui a tenu le rythme (à l'américaine et épuisant) d'une saison par an. Cette cinquième saison se concentre une nouvelle fois sur le monde arabe et se déroule cette fois-ci en Arabie Saoudite, en Égypte et en Russie.

Son personnage central, Malotru (incarné par Mathieu Kassovitz), à la fois traître et martyr de la DGSE, revient hanter le quotidien de ses collègues espions après la parution d'un article du Figaro qui le donne pour mort (il aurait été assassiné par la CIA avec l'aide de la DGSE dans le Donbass) et révèle au grand public son identité.

Après un premier épisode qui prend son temps, cette nouvelle saison reflète la complexité du monde actuel, les luttes de pouvoir internes à la DGSE et n'hésite pas à évoquer des conflits lointains.

Elle fait entrer en scène un nouvel agent (Louis Garrel) qui, sous couvert de vente de logiciels espions, entre en contact avec de riches saoudiens et des rebelles houthis (soutenus par l'Iran), tous deux parties prenantes de la guerre au Yémen.

"Le Bureau des légendes" saison 5 se plait à nouveau à montrer tout l'éventail des techniques de manipulation, avec en fil rouge, le personnage de Malotru, l'espion qui a trahi son camp, puis qui a tout tenté pour se racheter avant de finir dans un brouillard opaque (on s'arrêtera là pour ne pas spoiler). Une obsession qu'incarne aussi le chef du BDL, incarné par Mathieu Amalric, devenu paranoïaque et naviguant en permanence en zone grise. Cette série phare de Canal+ poursuit également son exploration de la guerre numérique, qui va de pair avec le renseignement humain pour déstabiliser les économies.

Interrogé par France 24, Éric Rochant a confirmé que cette cinquième saison serait sa dernière. Il a voulu "finir en beauté" en confiant les deux derniers épisodes au cinéaste multi-primé Jacques Audiard.

Et l'amour dans cet univers ? Il est voué à de rapides unions vite défaites par la sonnerie d'un téléphone, ou alors abîmé par la solitude, le mensonge et le secret nécessaires à la fonction. Quand il est authentique, il est un souvenir, ou bien une espérance. C'est pourtant avec une scène d'amour que le showrunner Éric Rochant a choisi d'ouvrir cette 5e saison. Mais le téléphone a bipé et un mensonge a suivi.

"Dérapages" : Éric Cantona en guerre pour retrouver du travail (Arte)

Alain Delambre (joué par l'ex-footballeur Éric Cantona) est un homme en colère. Face caméra, avec son physique de taulard, il raconte son histoire. Essoré par six années de chômage, cet ancien DRH, enchaine les petits boulots et tombe dans la précarité. Devenu dépressif, agressif à force de frustrations, il commence à perdre pied.

L'espoir renait lorsque se présente un poste de chargé de recrutement. Mais pour décrocher cet emploi, il doit participer à un jeu de rôle un peu particulier et malsain.

Loin d'un drame social à la Ken Loach, cette série produite par la chaîne franco-allemande enchaîne les scènes sous tension et des dialogues incisifs. Pierre Lemaitre, qui propose ici une adaptation libre de son roman "Cadres Noirs", nous emmène sur le terrain du thriller.

Dans "Dérapages", le rôle principal semble taillé sur mesure pour l'acteur Éric Cantona, qui campe un personnage à fleur de peau, brutal et attachant. Prêt à tout pour retrouver son statut social, voire à payer pour avoir du travail ou à travailler pour des pourris, il n'hésite pas à maltraiter physiquement, à espionner et à menacer des employés.

Jusqu'où peut-on aller pour s'en sortir ? Jusqu'au non-sens, nous dit Pierre Lemaitre en signant une série très noire, qui dénonce tout à la fois des méthodes de management inhumaines et le mirage de retrouver un travail gratifiant après l'âge de 50 ans en France.

Et, surtout, ne manquez pas le troisième épisode !

"Tales from the loop" : science-fiction, poésie et philosophie (Amazon Prime Video)

Voici une pépite comme les aime le service culture de France 24. Dans cette série américaine, on découvre à chaque épisode, un récit unique, dans le même environnement.

Les décors reproduisent les tableaux de l'artiste suédois Simon Stålenhag : il y a la nature immense, la forêt mystérieuse, des robots perdus, et des personnes qui travaillent pour le Loop. En français, la Boucle, une machine permettant de rendre les rêves impossibles… possibles comme, par exemple, se rencontrer à l'âge adulte ou rencontrer l'enfant qu'on a été, changer de corps, arrêter le temps.

Avec sa poésie dans les cadrages et sa recherche sur la symétrie, cette série très originale est une proposition à la fois esthétique et philosophique.