Le second tour des élections législatives au Mali a été perturbé dimanche par une série d’incidents dans le Centre et le Nord du pays. Dans plusieurs communes, les électeurs n’ont pas pu voter.
Le second tour des élections législatives dimanche 19 avril au Mali a été perturbé par des incidents dans le Centre et le Nord qui ont empêché des électeurs de voter, dans un contexte marqué par les violences jihadistes et le Covid-19.
Les premiers résultats provisoires de ce second tour, après un premier, tenu le 29 mars, sont attendus en début de semaine.
Le taux moyen de participation était d'un peu plus de 16 % deux heures avant la clôture du scrutin, a indiqué dans un communiqué la Synergie, une plateforme d'organisations qui a déployé des observateurs pour ces législatives.
Le scrutin a été assombri par des incidents. À Ouro-Mody (région de Mopti, Centre), le président d'un bureau de vote a été enlevé alors que les autres membres et des représentants de la commission électorale étaient "chassés par des hommes armés", ont affirmé à l'AFP un représentant local de la commission électorale et des sources militaires.
Menaces de jihadistes
Dans les communes de Sosobé et Togorougoumbé (Centre), le vote n'a pas eu lieu à cause des jihadistes qui ont menacé de s'en prendre aux électeurs, ont affirmé des témoins.
C'est dans la même zone du centre que Soumaïla Cissé, le chef de file de l'opposition, avait été kidnappé le 25 mars alors qu'il était en campagne. Tous les soupçons pèsent sur le groupe jihadiste d'Amadou Koufa et des négociations sont menées pour sa libération, selon son parti.
Du matériel électoral avait été "saccagé par des inconnus" samedi à Gossi, au sud de Gao (nord), a affirmé à l'AFP un élu local.
Les électeurs n'ont pas non plus voté à Talataye et Ouatagouna, dans le cercle d'Ansongo, dans la région du Liptako située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, a indiqué la Synergie dans son communiqué.
Le vote n'a pas eu lieu non plus dans la commune de Gabero (Gao, Nord) et dans plusieurs localités de la région de Tombouctou (nord), selon la même source.
Renouveler le Parlement et faire avance l'accord d'Alger
La majorité de la classe politique a soutenu le maintien de ce scrutin plusieurs fois reporté.
L'enjeu du scrutin est de taille : renouveler un parlement élu en 2013 et dont le mandat devait s'achever en 2018, et faire avancer l'application de l'accord de paix d'Alger.
Celui-ci, signé en 2015 entre les groupes armés indépendantistes et Bamako, prévoit plus de décentralisation via une réforme constitutionnelle qui doit passer par l'Assemblée. Or la légitimité du parlement sortant est contestée.
Le premier tour avait déjà été marqué par des enlèvements de présidents de bureau, le vol et la destruction d'urnes. Dans les zones rurales de Tombouctou, les jihadistes ont conduit de nombreux raids d'intimidation à moto.
Avec AFP