Avec la pandémie de coronavirus, de nombreux pays ont dû faire face à des pénuries de masques, de matériel médical et même de certains médicaments, dont une grande partie est fabriquée en Chine. L’économie mondiale est-elle trop dépendante de la Chine ? Serait-il utile de relocaliser certaines industries stratégiques ? Et risque-t-on d’assister à une montée du protectionnisme après la crise ? Line Rifaï a posé ces questions à Jean-Marc Siroën, économiste et professeur à l’université Paris Dauphine.
La pandémie de coronavirus a mis au grand jour la dépendance de nombreuses industries, comme l’industrie pharmaceutique, à la Chine. Une dépendance qui s’est certes accrue au cours de ces dernières années. Mais il ne faut pas oublier que l’économie chinoise est, elle aussi, devenue beaucoup plus dépendante du reste du monde, souligne Jean-Marc Siroën, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine.
Dans ce contexte, le président français, Emmanuel Macron, a récemment souligné que "produire plus sur le sol national" constituait un enjeu stratégique. Mais selon Jean-Marc Siroën, "il ne faut pas se faire d’illusions. On n’arrivera pas à tout produire en France ou en Europe, ne serait-ce que parce qu’on n’a pas toutes les matières premières, et on n’a pas non plus tous les brevets et toutes les qualifications".
Enfin, avant même cette pandémie, on avait assisté à une montée des discours protectionnistes. Risquent-ils de prendre de l’ampleur, au lendemain de la pandémie ? C’est une possibilité, selon Jean-Marc Siroën, qui estime que "la tentation protectionniste est toujours endémique", même si "cette crise n’est pas due à la mondialisation".