Alors que de nombreux pays prennent des mesures drastiques et imposent un confinement à leur population face à la pandémie de coronavirus, le président brésilien, qui qualifie le coronavirus de "petite grippe", continue d’aller à la rencontre des habitants. Pourtant, son propre gouvernement a instauré des mesures de sécurité pour éviter la propagation du virus. Depuis le début de la crise sanitaire, Jair Bolsonaro ne semble pas prendre la situation au sérieux. Lundi 30 mars, les principales personnalités politiques de la gauche brésilienne, ont demandé sa démission.
En pleine pandémie de coronavirus, malgré les mesures de sécurité prises par le gouvernement, le président brésilien s'est offert un bain de foule, dimanche 29 mars dans les rues de la capitale brésilienne. Sans masque, à la rencontre d'habitants et de commerçants, Jair Bolsonaro a minimisé, une fois de plus, les risques liés au coronavirus et a encouragé les gens à continuer de travailler : "Ce que j'ai pu discuter avec les gens, c'est qu'ils veulent travailler, a-t-il assuré lors d'une rencontre avec un marchand de rue. Ce que je dis depuis le début, c'est : faisons attention, les plus de 65 ans restent à la maison."
Selon le président brésilien, le virus ferait plus de mal au porte-monnaie qu'à la santé du pays. Il considère que, malgré l'épidémie, "le Brésil ne peut pas s'arrêter". "Ce confinement, s'il continue comme ça, avec le chômage brutal, nous aurons un grave problème, il faudra des années pour le résoudre, a déclaré le chef de l'État brésilien devant une foule d'habitants et de journalistes. Ces échanges filmés, remettant en cause le confinement, ont ensuite été publiés sur le compte Twitter du président, avant d'être supprimés par le réseau social.
Depuis la crise sanitaire, le président brésilien, qui qualifie le coronavirus de "petite grippe", semble ne pas prendre au sérieux la situation. Le 9 mars, au moment où l'Italie entamait son confinement, il déclarait : "Il y a aussi le problème du coronavirus dont le pouvoir destructeur est, selon moi, surestimé."
"Le Brésil ne peut pas s'arrêter"
Mi-mars, malgré les recommandations de son ministère de la Santé de ne pas s'exposer, Jair Bolsonaro décidait d'aller serrer les mains de ses partisans réunis à Brasilia. Le président brésilien a également engagé un bras de fer contre la grande majorité des 26 gouverneurs du pays. Ces derniers ont interdit les activités commerciales et les services publics non essentiels afin d'endiguer la pandémie. Le 24 mars, il déclarait : "Les autorités de certains États et municipalités doivent renoncer au concept de la terre brûlée, à l'interdiction des transports, la fermeture des commerces et le confinement massif." Dès le lendemain, Joao Doria, le gouverneur de Sao Paulo, lui répondait : "Monsieur le président, comme vous l'avez dit, de manière respectueuse, ce n'est pas une petite grippe, ce n'est pas un petit rhume, c'est du sérieux."
Samedi 28 mars, un tribunal fédéral brésilien a interdit au gouvernement Bolsonaro de diffuser une campagne intitulée "Le Brésil ne peut pas s'arrêter". Une vidéo considérée comme allant à l'encontre des mesures de confinement décidées au niveau local pour freiner la propagation de l'épidémie de Covid-19. La veille, la justice brésilienne avait annulé un décret du président, qui excluait les églises, les temples religieux et bureaux de loterie des mesures de quarantaine imposées dans certains États.
Face à l'attitude de Jair Bolsonaro, les principales personnalités de la gauche brésilienne ont publié lundi 30 mars,un manifeste demandant au président de démissionner, le jugeant "irresponsable" face à la pandémie du coronavirus
Au Brésil, la maladie a déjà infecté plus de 4 000 personnes et fait au moins 136 morts, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé