L'Espagne, qui a enregistré près de 400 nouveaux morts dimanche, pourrait prolonger la durée de son confinement. "Le pire reste à venir", a affirmé, samedi, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, alors que son pays est aujourd'hui le troisième le plus touché par le coronavirus.
L'Espagne a enregistré 394 nouveaux morts du coronavirus en 24 heures, dimanche 22 mars, portant le bilan total à 1 720 décès. Le système de santé, sous pression, multiplie les efforts pour résister à une nouvelle vague de la pandémie.
Un énorme hôpital de campagne a commencé à fonctionner à Madrid, région la plus touchée avec plus de 1 000 morts, où des hôtels sont médicalisés pour accueillir les patients présentant les symptômes les moins graves. L'hôpital pourrait compter 5 500 lits, ce qui en ferait le plus grand d'Europe.
Samedi, le gouvernement espagnol a déclaré qu'il ferait tout ce qu'il faut pour lutter contre le coronavirus, prévenant que "le pire est encore à venir", alors que le bilan de l'épidémie ne cesse de s'alourdir dans le pays.
Le Premier ministre, Pedro Sachez, s'apprête à prolonger le confinement imposé le 14 mars [pour une période initiale de deux semaines]. Il s'apprêterait, selon les médias nationaux, à demander au parlement la prolongation du confinement strict jusqu'au 11 avril.
Comparaison avec la guerre civile de 1936
Plus important foyer de contamination en Europe après l'Italie, le pays a vu ces derniers jours le nombre de décès s'accroître quotidiennement de plusieurs centaines, provoquant un engorgement des unités de soins intensifs dans certains hôpitaux.
"Nous n'avons pas encore subi l'impact de la vague la plus importante, la plus dévastatrice, qui mettra au défi nos capacités matérielles et morales, de même que notre caractère en tant que société", a déclaré le président du gouvernement, lors d'un point de presse.
Il a souligné que l'Espagne n'avait pas vécu de situation aussi dramatique depuis la guerre civile (1936-1939) lors de laquelle environ 1 million de personnes ont trouvé la mort.
Pedro Sanchez a déclaré que son gouvernement travaillait sur des projets permettant de produire dans le pays l'équipement nécessaire pour combattre le virus, comme par exemple les masques de protection.
Plus de 28 000 contaminations
Le ministère espagnol de la Santé espère que la courbe de progression du virus s'inversera pendant la semaine qui vient. "Nous pensons que le pic, le jour où la contamination atteindra son maximum et commencera à descendre, arrivera cette semaine", a par ailleurs déclaré le docteur Fernando Simon, directeur du Centre d'alertes sanitaires.
Le bilan de l'épidémie en Espagne s'est établi dimanche à 1 720 décès contre 1 326 samedi, et 1 002 vendredi, d'après les données du ministère de la Santé.
Le nombre de cas confirmés a grimpé de 3 646 à 28 572, dont plus de la moitié ont eu besoin d'une hospitalisation, a précisé le docteur Simon ; 2 575 patients ont été déclarés guéris, mais 1 785 personnes se trouvent en soins intensifs.
"Héros de la société"
Le personnel de santé paie un lourd tribu à la pandémie. Au total, 3 475 de ses membres ont été contaminés, soit près de 12 % du total, a indiqué le docteur Fernando Simon, qui les a qualifiés de "héros de la société".
Le gouvernement a annoncé samedi avoir acquis plus de 640 000 appareils de dépistage et déclaré que ce chiffre pourrait rapidement atteindre le million.
Un demi-million de masques supplémentaires leur ont été distribués samedi alors que la majorité se plaint de travailler sans protection, et 8 millions d'autres vont être commandés.
Les autorités sanitaires ont par ailleurs accéléré les tests pour détecter la contamination : quelque 350 000 ont déjà été réalisés et ils se poursuivent au rythme de 15 000 à 20 000 par jour. Elles espèrent pouvoir rapidement porter le nombre de tests quotidiens à 80 000.
"Cette semaine va être cruciale
Alors que 46 millions d'Espagnols sont soumis à un confinement strict depuis le 14 mars, les forces de l'ordre renforcent les contrôles pour faire respecter les consignes.
"Nous savons que nous jouons gros", a souligné le sous-directeur des opérations de la Police nationale. "Cette semaine va être cruciale".
Le numéro deux de la Garde civile, a quant à lui promis "la fermeté pour que la population respecte les restrictions à la liberté de mouvement parce que de cela dépend la sécurité [de tous]".
Avec Reuters et AFP