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Le favori des primaires démocrates Joe Biden et son rival Bernie Sanders se sont affrontés, dimanche soir, lors d'un duel sans public. Ils ont chacun décrit comment ils feraient face à la crise du Covid-19 s'ils étaient à la Maison Blanche tout en critiquant le manque de leadership de Donald Trump. Mais leur tendance à se chamailler sur le passé a parfois semblé en décalage avec l'urgence du moment.

Joe Biden et Bernie Sanders n'étaient plus que deux sur scène, dimanche 15 mars, mais ils ont eu à affronter un ennemi commun : le Covid-19. La crise sanitaire liée au nouveau coronavirus a tout balayé sur son passage. La campagne pour l'investiture démocrate n'échappe pas à la règle.

À tel point que ce débat, qui aurait dû se tenir à Phoenix, en Arizona, s'est finalement déroulé à Washington, sans public : sécurité oblige. Les deux candidats aux primaires se sont salués d'un coup de coude et ont échangé à deux mètres l'un de l'autre pour éviter tout risque de contamination.

Joe Biden, 77 ans, et Bernie Sanders, 78 ans, ont aussi tenu à rassurer : oui, ils se lavent bien les mains régulièrement, non, ils ne tiennent plus de meetings de campagne - leurs équipes ont d'ailleurs opté pour le télétravail - et non, ils n'ont aucun symptôme du virus.

"Si j'étais président..."

Évidemment, la plupart des questions ont porté sur le sujet de préoccupation majeur du moment aux États-Unis : comment mettre fin à cette pandémie ? Mais les deux hommes, au lieu de se montrer unis face à une menace collective, ont étalé leurs différences en jouant à "Si j'étais président...".

Joe Biden insisté sur son expérience et a assuré qu'il réunirait les meilleurs experts sanitaires mondiaux dans la "Situation Room" pour consultation. Dans cette "guerre" face au virus, l'ex-vice-président n'hésiterait pas non plus à "déployer l'armée" pour venir en aide à la population.

Bernie Sanders, lui, a mis l'accent sur la nécessité pour chaque Américain d'avoir accès à des dépistages et des soins gratuits. "Si vous tombez malade, vous ne devez pas vous inquiéter pour l'argent", a-t-il affirmé. Le socialiste en a profité pour faire la promotion de son programme phare, "Medicare for All", l'assurance santé publique universelle.

Joute idéologique

À l'heure où les Américains ont besoin d'être rassurés sur leur santé et celle de leurs proches, sur leurs emplois et sur leur épargne retraite, les deux septuagénaires ont donc poursuivi leur joute plutôt que de faire front. Pourtant, les enjeux politiques semblaient déjà dépassés. En effet, à l'issue des précédentes primaires, l'avance en délégués de Joe Biden semble déjà insurmontable. Les quatre États qui votent mardi - Floride, Ohio, Illinois et Arizona - ne devraient pas inverser cette trajectoire.

Bernie Sanders n'était donc pas sur scène pour engranger davantage de voix mais pour faire pression sur la plateforme de Joe Biden. C'était l'occasion, pour l'ex-vice-président, de lâcher un peu de lest afin d'inviter dans sa campagne les alliés du socialiste. Or Joe Biden n'a rien lâché. À "Medicare for All", il oppose une "option publique" à laquelle pourraient souscrire les Américains : une forme de prolongation de la réforme santé de Barack Obama. Quand Bernie Sanders appelle à "agir de manière sans précédent" et à "comprendre comment on en est arrivé là et où l'on va", Joe Biden répond que "le peuple cherche des résultats, pas la révolution".

Une femme vice-présidente

Les deux rivaux ont passé le reste du débat à s'écharper sur leurs positions politiques d'antan : armes à feu, plan de sauvetage des banques en 2008, guerre en Irak... Mais c'est lorsqu'ils ont évoqué leurs points communs que ce débat était le plus intéressant.

Joe Biden et Bernie Sanders sont d'accord : locataire de la Maison Blanche est inapte, selon eux, à répondre à la crise du coronavirus. "Ce président est en train de saper le travail des médecins et des scientifiques", a ainsi dénoncé Bernie Sanders. "La plus grosse menace reste Donald Trump", a pour sa part lancé Joe Biden. Chacun s'est engagé à soutenir l'autre en cas de victoire.

Sur la possibilité de choisir une femme au poste de vice-présidente, les deux candidats ont aussi semblé s'entendre. Joe Biden s'y est engagé pour la première fois fermement. "De nombreuses femmes ont les qualités pour devenir présidentes à l'avenir. Je désignerai une femme comme vice-présidente", a-t-il promis. Bernie Sanders a été moins catégorique mais a indiqué qu'il penchait lui aussi pour un ticket mixte. "Pour moi, il ne s'agit pas seulement de désigner une femme, il s'agit de nommer une femme progressiste", a-t-il précisé. Le message est passé.