La trève partielle d'une semaine va se poursuivre en Afghanistan, a déclaré dimanche le président Ashraf Ghani qui, au lendemain de la signature d'un accord historique entre les États-Unis et les Taliban, espère un "cessez-le-feu complet".
La trêve partielle va se poursuivre. Au lendemain de la signature d'un accord historique entre Washington et les Taliban, le président afghan Ashraf Ghani a déclaré, dimanche 1er mars, espérer un "cessez-le-feu complet".
La semaine de "réduction des violences" a vu le nombre d'attaques s'effondrer à travers le pays en guerre. Celle-ci a précédé la signature, samedi, à Doha (Qatar) de l'accord entre les États-unis et les insurgés afghans, selon lequel Washington et ses alliés s'engagent à retirer toutes leurs troupes d'Afghanistan sous quatorze mois si les Taliban respectent les termes de l'accord, dont l'ouverture de discussions entre les insurgés et Kaboul visant à mettre en place une paix durable.
"La réduction des violences va continuer avec pour but d'atteindre un cessez-le-feu complet", a déclaré Ashraf Ghani lors d'une conférence de presse à Kaboul, ajoutant que les Taliban avaient été informés de cette décision par le général Scott Miller, chef des forces américaines dans le pays.
"Nous commenterons cela plus tard", a déclaré à l'AFP, Zabihullah Mukahid, un porte-parole des insurgés.
La chute du nombre d'attaques talibanes à travers le pays, liée à la trêve partielle, a redonné espoir à de nombreux Afghans, provoquant des scènes de célébration spontanée dans les rues où les gens dansaient de joie.
Une clause rejetée par le président afghan
Toutefois, la route avant la signature d'un véritable accord de paix reste encore long. L'Afghanistan est ravagé par les conflits depuis plus de quarante ans. Les États-Unis y sont présents militairement depuis fin 2001. Ils avaient attaqué le pays à la suite des attentats du 11-Septembre sur le sol américain.
Ashraf Ghani a ainsi rejeté une clause de l'accord – dont son administration n'est pas signataire – qui demande aux insurgés de libérer jusqu'à 1 000 prisonniers et au gouvernement afghan d'en libérer 5 000. "Il n'y a pas d'engagement à libérer 5 000 prisonniers", a-t-il déclaré.
"C'est le droit et le propre souhait du peuple d'Afghanistan. Cela fait partie de l'agenda des discussions intra-afghanes, mais ne peut pas être un prérequis à des discussions", a-t-il ajouté, en référence aux négociations intra-afghanes. Toute libération de prisonniers "ne relève pas de l'autorité des États-Unis, cela relève de l'autorité du gouvernement afghan", a-t-il souligné.
Crise politique
Selon l'accord de Doha, les négociations entre son gouvernement et les talibans doivent débuter le 10 mars.
Elles verraient les insurgés négocier l'avenir du pays face à une délégation que l'envoyé américain Zalmay Khalilzad a décrite comme "inclusive" et comportant "des figures importantes du gouvernement, des responsables clefs de partis politiques, des membres de la société civile, et des femmes".
L'ouverture de ces discussions intra-afghanes est un préalable au retrait des troupes américaines, selon les termes de l'accord.
Les Taliban ont jusqu'ici refusé de négocier avec le gouvernement d'Ashraf Ghani, qu'ils décrivent comme une marionnette de Washington.
Ce dernier doit désormais mettre en place la délégation afghane en vue du dialogue, alors qu'il est empêtré dans une crise politique suite à des accusations de fraude électorale concernant sa réélection contestée, notamment par son principal rival Abdullah Abdullah qui veut mettre en place sa propre administration parallèle.
L'Iran a dénoncé dimanche l'accord signé entre les Etats-Unis et les Talibans, estimant que Washington n'avait "juridiquement aucun droit" pour "décider de l'avenir de l'Afghanistan".
En dépit de l'incertitude concernant l'accord de Doha, les habitants de Kaboul ne cachaient pas leur soulagement de pouvoir marcher dans les rues sans craindre d'attaques des talibans, généralement meurtrières et touchant essentiellement des civils.