De nouveaux documents, révélés lundi par Associated Press, dressent le profil de 311 Ouïghours internés et répertorient des informations sur 2 000 de leurs proches.
Nom, adresse, numéro d'identification et de détention... De nouveaux documents des autorités chinoises sur la détention des Ouïghours ont été dévoilés, lundi 17 février.
Après les révélations de l'ICIJ sur les conditions de détention draconiennes imposées à cette minorité musulmane, concentrée dans des sites de détention au Xinjiang (nord-ouest de la Chine), l'agence Associated Press apporte de nouvelles informations sur le profil des personnes détenues.
La base de données obtenue par AP dresse le profil de l'internement de 311 personnes ayant des parents à l'étranger et répertorie des informations sur plus de 2 000 de leurs parents, voisins et amis. Chaque entrée comprend le nom du détenu, son adresse, son numéro d'identité national, la date et le lieu de sa détention, ainsi qu'un dossier détaillé sur ses antécédents familiaux, religieux et de voisinage, le motif de sa détention et la décision de le libérer ou non.
Ces documents, délivrés au cours de l'année écoulée, n'indiquent pas quel service gouvernemental les a établis, ni pour qui.
Dans l'ensemble, ces informations offrent le point de vue le plus complet et le plus personnel sur la manière dont les responsables chinois ont décidé qui placer dans les camps de détention et qui en sortir, dans le cadre d'une vaste campagne de répression qui a permis d'enfermer plus d'un million de membres de la minorité ouïghoure, pour la plupart musulmans.
La base de données souligne que le gouvernement chinois s'est concentré sur la religion comme motif de détention. Ce n'est pas seulement au nom d'extrémisme politique, comme le prétendent les autorités, mais aussi d'activités ordinaires telles que la prière, la fréquentation d'une mosquée ou même une longue barbe.
Cette documentation montre également le rôle de la famille : les personnes ayant des parents détenus sont beaucoup plus susceptibles de se retrouver elles-mêmes dans un camp, déracinant et criminalisant ainsi des familles entières. De même, le contexte et l'attitude de la famille sont des facteurs plus importants que le comportement des détenus pour décider de leur libération.
Interrogé à ce sujet, le gouvernement régional du Xinjiang n'a pas répondu à AP. Quant à la question de savoir si le Xinjiang cible les religieux et leurs familles, le porte-parole chinois du ministère des Affaires étrangères, Geng Shuang, a répondu que "ce genre d'absurdités ne méritait pas de commentaires".
Avec AP