Le coronavirus de Wuhan a déjà fait 490 morts en Chine et un à Hong Kong, selon un dernier bilan publié mercredi. Trois agglomérations de la province orientale du Zhejiang, à plusieurs centaines de kilomètres de Wuhan, ont décidé de limiter les déplacements.
Le bilan de l'épidémie de coronavirus continue de grimper. Dans la seule Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), 490 personnes sont mortes, la plupart à Wuhan et dans la province du Hubei (centre), dont elle est le chef-lieu, selon le dernier bilan des autorités locales publié mercredi 5 février. C'est largement plus qu'en 2002-2003 lors de la crise du Sras (349 morts).
Par ailleurs, une personne est morte à Hong Kong, un homme de 39 ans déjà fragilisé par d'autres problèmes de santé et qui s'était rendu fin janvier à Wuhan, la métropole chinoise où est apparu le virus en décembre. Le territoire semi-autonome chinois avait annoncé, lundi, la fermeture de l'ensemble des points de passage terrestres, à l'exception de deux ponts, avec le reste de la Chine.
Dans son point quotidien, la commission provinciale de la Santé dans le Hubei a aussi fait état d'une forte augmentation du nombre de personnes infectées, avec 3 156 nouveaux cas confirmés. Le nombre de porteurs du virus dépasse désormais les 24 300 au niveau de la Chine continentale, a indiqué mercredi la Commission nationale pour la santé. Hors de Chine, la pneumonie a provoqué un seul décès jusqu'à présent : un Chinois arrivé aux Philippines en provenance de Wuhan.
Le confinement se rapproche de Shanghai
Face au danger, de nouvelles mesures de confinement ont été prises mardi. Après notamment la mise en quarantaine de facto d'une grande partie du Hubei et de ses plus de 50 millions d'habitants, trois agglomérations de la province orientale du Zhejiang, à plusieurs centaines de kilomètres de Wuhan, ont rendu publiques de nouvelles dispositions en vue de limiter les déplacements.
Au premier rang de ces agglomérations figure Hangzhou (132 cas), située à environ 150 kilomètres de Shanghai (219 cas, 1 mort) et siège du géant chinois du commerce en ligne Alibaba. Dans trois de ses arrondissements peuplés de trois millions d'âmes, une seule personne par foyer est dorénavant autorisée à sortir tous les deux jours. Des décisions similaires sont entrées en vigueur à Taizhou et dans trois quartiers de Ningbo, concernant neuf millions de personnes.
Dimanche, c'est Wenzhou qui avait imposé le confinement à ses plus de neuf millions d'habitants.
Le Japon, inquiet pour ses Jeux olympiques
Du côté du Japon, au moins dix personnes sur un bateau de croisière sont contaminées, ont annoncé les autorités japonaises. L'immense bateau, arrivé lundi soir près du port de Yokohama, au sud-est de Tokyo, faisait l'objet de recherches de cas de contamination après qu'un cas de coronavirus a été détecté à Hong Kong chez une personne qui s'était trouvée à bord.
Le Premier ministre japonais, Katsunobu Kato, a précisé que les dix personnes testées positives avaient été hospitalisées.
Les quelque 3 700 passagers et membres d'équipage présents sur le bateau sont, eux, sommés de rester à bord pendant 14 jours, période de quarantine fixée par les autorités qui ont suivi le consensus des médecins, selon lequel la période d'incubation du coronavirus est de deux semaines.
Inquiétude également du côté du comité d'organisation des Jeux olympiques 2020 de Tokyo, qui auront lieu du 24 juillet au 9 août prochains. Toshiro Muto, patron du comité, a fait part de son inquiétude quant à l'impact de l'épidémie, qui gagne en ampleur en Chine, sur l'intérêt pour les Jeux.
Pas encore de "pandémie"
L'Organisation mondiale de la santé a estimé qu'il n'y avait pas pour le moment de "pandémie" - un terme qui s'applique à une situation de propagation mondiale d'une maladie. Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé à ne pas laisser passer la "fenêtre d'opportunité" qui existe, selon lui, pour empêcher la propagation de la maladie grâce aux "mesures fortes prises par la Chine".
Un premier malade a aussi été signalé à Bruxelles parmi les passagers de l'avion ayant rapatrié, dimanche, de Wuhan, quelque 250 personnes majoritairement européennes.
À Londres, un "deuxième et dernier" avion britannique, chargé de rapatrier ses ressortissants se trouvant encore dans la province du Hubei où est située la ville de Wuhan, berceau du nouveau coronavirus, va partir dimanche, a annoncé le gouvernement.
"Le Foreign Office affrète un deuxième et dernier vol britannique avec des places pour aider tous les ressortissants britanniques et les personnes à leur charge qui se trouvent toujours à Hubei à partir", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, dans un communiqué diffusé mardi soir.
Le Royaume-Uni a déjà rapatrié 94 Britanniques dont 83 vendredi sur un premier vol affrété par les autorités britanniques, en coopération avec les autorités espagnoles. Onze autres ressortissants ont été rapatriés, dimanche, à bord d'un vol français cofinancé par l'Union européenne.
L'économie plombée
En Chine, face à un système de santé débordé, Wuhan a accueilli ses premiers malades dans un nouvel hôpital construit en dix jours et qui compte 1 000 lits. Un second de ce type devrait ouvrir dans les prochains jours.
Macao a de son côté annoncé la fermeture, pour deux semaines, de l'ensemble de ses célèbres casinos. Prisés des touristes de Chine continentale, ils constituent de véritables poumons économiques pour ce territoire autonome chinois situé non loin de Hong Kong.
Coup dur également pour la compagnie aérienne hongkongaise Cathay Pacific, qui a demandé à 27 000 employés de prendre trois semaines de congés sans solde alors que le transporteur fait face aux conséquences de l'épidémie. "J'espère que vous y participerez tous, de nos employés se trouvant en première ligne (au contact des clients), à nos cadres supérieurs", a déclaré le PDG de la compagnie, Augustus Tang, dans une allocution vidéo mise en ligne.
Des dizaines de compagnies internationales ont réduit ou suspendu leurs liaisons avec la Chine continentale, et même avec Hong Kong, afin de tenter de freiner la transmission de cette pneumonie virale.
L'économie chinoise pourrait ainsi être durablement plombée, de nombreuses entreprises ayant été contraintes de fermer, l'activité touristique est ralentie et la production de nombreuses firmes internationales a été affectée, à l'instar du géant Airbus qui a annoncé avoir fermé son usine d'assemblage à Tianjin (nord).
Avec AFP