Le 17 janvier 2018, le premier ministre Édouard Philippe annonçait l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une victoire pour les "zadistes" et agriculteurs mobilisés contre ce projet. Après des années de lutte, certains ont décidé de quitter le territoire, d’autres ont accepté de négocier avec l’État pour développer un certain nombre de projets, notamment agricoles. Nos reporters les ont rencontrés.
ZAD, zone à défendre. Un acronyme associé à Notre-Dame-des-Landes, un village de 2 000 habitants dans l’ouest de la France, théâtre pendant dix ans d’une lutte écologiste et sociétale sans précédent depuis les années 1970. Au cœur de la bataille : le projet de construction d’un aéroport dans la région nantaise, dénommé Grand Ouest, initialement conçu en 1963, puis mis en sommeil avant d’être relancé en 2000.
Le chantier rencontre d’abord l’opposition d’habitants et d’agriculteurs de la région, puis d’écologistes, qui veulent préserver une zone humide menacée par le projet. Bientôt, des militants affluent de toute part sur cette ZAD, qui devient aussi un lieu de vie et d’expérimentation sociale. Des fermes sont réaménagées, des maisons squattées, des cabanes construites. Une mini-société libertaire et anticapitaliste s’organise.
À partir de 2010, alors que les premiers travaux sont censés commencés, les affrontements avec les forces de l’ordre se multiplient. Mais les zadistes tiennent le terrain, leur communauté en sort renforcée, et Notre-Dame-des-Landes devient un symbole de résistance. Le bras-de-fer avec l’État s’achèvera avec l’abandon du projet, le 17 janvier 2018.
Deux ans après, une bonne partie des zadistes est toujours présente à Notre-Dame-des-Landes. Depuis que les terres ont été rétrocédées au département, ils ont accepté – souvent à contrecœur – de signer des conventions d’occupation précaires, puis des baux, seul moyen pour eux de préserver durablement l’espace arraché au projet d’aéroport. Cette légalisation quelque peu forcée laisse un goût amer chez certains anciens zadistes, qui tentent de sauvegarder les fondements d’une microsociété basée sur des principes libertaires, écologistes et anticapitalistes. Pour eux, Notre-Dame-des-Landes doit rester un lieu d’accueil inconditionnel et de liberté absolue.