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La colère des producteurs de lait gagne la Suisse

En écho aux protestations européennes, la colère est montée en puissance dans la filière suisse, jusqu'à pousser les producteurs dans la rue ce dimanche. Le litre du lait est vendu 55 centimes pour un coût de production de 1 franc.

AFP - Quelque 150 tracteurs ont effectué dimanche une opération escargot dans le centre de Lausanne (ouest) pour protester contre les prix du lait qui, selon les producteurs suisses, asphyxient la filière, a indiqué le syndicat agricole helvétique Uniterre.

"Quelque 150 véhicules agricoles sont partis des hauts de Lausanne pour descendre jusqu'à la gare à une vitesse de 3/4 km heures en moyenne", a expliqué à l'AFP Eric Ramseyer, coprésident de la commission du lait chez Uniterre.

L'opération "bon enfant" était destinée à sensibiliser la population à la situation des producteurs helvétiques qui, comme leurs voisins allemands et français, sont "contraints de vendre leur lait largement en dessous des coûts de production", a-t-il précisé.

Le litre du lait est actuellement vendu 55 centimes suisses pour un coût de production de 1 franc (0,65 euro) par litre.

La raison en est, selon Uniterre, une surproduction de 5 à 8% par rapport à la demande, provoquée par la fin des quotas entrée en vigueur le 1er mai dans la Confédération.

En écho aux protestations européennes, la colère est montée en puissance cette semaine dans la filière suisse.

Selon l'association alémanique Big-M (Bäuerlichen Interessengruppe im Marktkampf) qui a lancé un appel à la grève samedi, quelque 400 producteurs helvétiques ont déjà décidé de cesser leurs livraisons de lait.

Uniterre, qui soutient comme Big-M le mouvement européen, s'y est jusqu'à présent refusé, préférant des actions plus modérées.

A Lausanne, "c'était vraiment bon enfant, on a vraiment eu un bon soutien de la population à qui on a également vendu du lait", a ajouté M. Ramseyer.

Mais le producteur a prévenu: "le mouvement s'amplifie et, si on n'a pas de résultat d'ici quelques jours, les actions vont se durcirent".

Uniterre, qui a lancé un appel à "la révolte paysanne" en début de semaine, pense qu'une réduction globale de la production de lait de 5% devrait permettre de faire remonter les prix.

Pour cela, un accord doit être passé entre les producteurs, dont beaucoup ne sont pas prêts à une telle concession. Uniterre souhaite donc obtenir le soutien du Parlement de la Confédération pour la rendre obligatoire.