Près de soixante personnes ont contracté une pneumonie virale d'origine inconnue dans la ville de Wuhan, en Chine. Les autorités chinoises ont écarté le risque d'une nouvelle épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), mais l'Organisation mondiale de la Santé a décidé de suivre la situation de près.
"Quarante-quatre cas de pneumonie nécessitant une hospitalisation en si peu de temps, cela doit appeler à la prudence." L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décidé, dimanche 5 janvier, de suivre de très près la situation à Wuhan, une mégalopole de 11 millions d'habitants dans le centre de la Chine, frappée par une épidémie de cas inexpliqués de pneumonie depuis la mi-décembre.
Le décompte de l'OMS s'arrêtait au 3 janvier, et depuis lors le nombre de patients affectés est passé à 59, ont reconnu les autorités sanitaires chinoises. Plus d'une dizaine d'entre eux sont dans un état grave, mais aucun décès n'a, pour l'heure, été signalé. Tous les patients ont été placés en quarantaine, et les 160 personnes qui ont été identifiés comme ayant été en contact proche avec les malades sont sous surveillance médicale.
Spectre du Sras
La Chine ne sait pas précisément à quoi elle à affaire à Wuhan et le bureau local de la Santé penche pour une forme de pneumonie due à un virus inconnu. Les patients souffrent de fortes fièvres, de difficultés à respirer et les radios effectuées ont montré des "lésions pulmonaires", note l'OMS. Des symptômes qui sont "communs à plusieurs maladies respiratoires", constate l'organisation internationale.
Le foyer d'infection de cette maladie mystère pourrait être le marché de fruits de mer de Wuhan, où plusieurs des patients travaillaient. La Ville a décidé, dès le 1er janvier, de le fermer au public et de lancer une enquête pour identifier d'éventuels agents pathogènes présents dans les denrées vendues. "Plusieurs médias locaux ont rapporté que des marchands y revendaient aussi des animaux vivants comme des oiseaux ou des serpents, faisant craindre l'existence d'un virus transmis par l'animal à l'homme", souligne ScienceMag, la publication l'Association américaine pour l'avancement des sciences.
Il n'en a pas fallu plus pour faire ressurgir le spectre du Sras, le Syndrome respiratoire aigu sévère, qui avait infecté plus de 8 000 personnes dans le monde et causé la mort de 774 patients entre novembre 2002 et juillet 2003. Cette pathologie, qualifiée par l'Institut Pasteur de première maladie transmissible grave à avoir émergé au XXIe siècle, était aussi transmise par des animaux vendus sur les marchés en Chine. Elle entraînait également des pneumonies atypiques.
Les autorités chinoises ont été promptes à éteindre le feu médiatique qui avait commencé à enflammer les réseaux sociaux, en assurant que l'étude du virus avait permis d'écarter l'hypothèse d'un retour du Sras. Il ne s'agirait pas non plus du Mers (coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient) ou de la fièvre aviaire, deux autres pathologies similaires transmises à l'homme par les animaux. La police a même arrêté des personnes à Wuhan "ayant propagé des fausses informations" au sujet du virus.
Risque de contagion
"C'est une toute nouvelle pneumonie virale", a assuré David Hui Shu-cheong, un expert en maladies respiratoires à l'université de Hong Kong, interrogé par la chaîne CNN. Pour lui, l'une des priorités est d'établir si elle est transmissible entre humains. "La plupart des virus respiratoires peuvent être transmis par l'homme, et tout dépend, en fait, de savoir à quel point ils sont contagieux", estime le spécialiste.
L'OMS se montre plus optimiste et note que, pour l'instant, "aucune preuve d'un tel mode de transmission n'a pour l'heure été constatée". L'organisation internationale n'a, d'ailleurs, pas jugé nécessaire de faire des recommandations spécifiques aux voyageurs qui auraient à se rendre à Wuhan. Elle déconseille même de mettre en place des "restrictions aux mouvements de biens et personnes en provenance de la Chine sur la base des informations disponibles".
Ce qui n'a pas empêché plusieurs pays voisins de prendre des mesures préventives. La Corée du Sud a mobilisé une équipe d'intervention spécialisée dans les mises en quarantaine sanitaire, tandis que les visiteurs en provenance de Chine qui se rendent à Singapour doivent passer des contrôles spécifiques à la douane.