
En un an, 9 000 médecins cubains employés à l'étranger ont dû rentrer chez eux après l'annulation de leurs contrats. Un manque à gagner considérable pour La Havane, qui dépend de ces devises. Les États-Unis dénoncent de leur côté un système esclavagiste et politisé.
Ils sont de retour chez eux, contraints et forcés. Après des alternances politiques au Brésil, en Équateur ou encore en Bolivie, plusieurs milliers de médecins cubains expatriés ont été expulsés après l'annulation de leurs contrats. En un an, ce sont quelque 9 000 médecins cubains employés à l'étranger qui ont dû rentrer au bercail. Une perte financière considérable pour Cuba, l'exportation de ces professionnels représentant la première entrée de devises de l'île.
Pour La Havane, le coupable est évident : les États-Unis. Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a d'ailleurs félicité les pays concernés d’"avoir refusé de permettre au régime de Cuba de bénéficier du trafic de médecins", dont "75 % du salaire" est gardé par les autorités cubaines, selon le sous-secrétaire Michael Kozak.
"Exploiter une main d'œuvre esclave"
Les États-Unis accusent le gouvernement socialiste d'"exploiter une main d'œuvre esclave" et d'utiliser parfois ces docteurs comme militants politiques dans leur pays d'affectation. Leur allié, le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, affirme que dans les rangs des médecins s'étaient infiltrés des agents du renseignement.
L'envoi de médecins à l'étranger "reste la principale source de revenus externes pour l'économie, et ce sont des contrats difficiles à relocaliser car ils dépendent d'accords avec les gouvernements, très sensibles aux cycles politiques", observe l'économiste cubain Pavel Vidal, de l'Université Javeriana en Colombie.
La facture de ces retours forcés ? Elle n'apparaît pas encore dans les statistiques officielles, qui faisaient état de recettes de 6,398 milliards de dollars en 2018. Cette somme permet de financer la gratuité du système de santé local.
Les Cubains ne comptent pas en rester là. Face aux menaces de Washington, La Havane a déjà pris les devants en réorientant son contingent vers la Chine, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Vietnam et l’Afrique du Sud.