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À Rome, le mouvement antifasciste des Sardines rassemble des dizaines de milliers de manifestants

Des dizaines de milliers d'Italiens ont manifesté samedi à Rome à l'appel du mouvement antifasciste des Sardines. Né il y a quelques semaines à Bologne et opposé au chef de la Ligue Matteo Salvini et à l’extrême droite italienne, ce mouvement veut "réveiller" la politique italienne.

Le test est réussi pour le mouvement antifasciste des Sardines, né il y a quelques semaines à peine et qui n'avait encore jamais organisé de rassemblement à Rome. Sur la place devant la basilique Saint-Jean-de-Latran, ses partisans ont afflué, samedi 14 décembre, par dizaines de milliers – ils étaient 35 000 selon des sources de la préfecture de police citées par l'agence AGI.

Désormais, la question de l'avenir des Sardines se pose pour ce mouvement qui veut "réveiller" la politique italienne, sans se transformer en parti ou organisation défendant une cause unique.

#BellaCiao con le #Sardine a Piazza #SanGiovanni #RomaNonsiLega #LItaliaNonSiLega un po’ di foto dal #WebSardine pic.twitter.com/TzvkFVi9of

— Maria Medici (@mariamedici10) December 14, 2019

Le phénomène a vu le jour il y a un mois à Bologne, quand une manifestation organisée par quatre inconnus a rassemblé par surprise 15 000 personnes pour dénoncer le discours "de haine et de division" de Matteo Salvini, ex-numéro deux du gouvernement et chef de la Ligue (extrême-droite). Depuis, des dizaines de manifestations, rythmées par le chant des résistants Bella Ciao, ont rassemblé au total 300 000 personnes, à Milan, Florence, Naples ou Palerme.

"La première était contre Salvini puis c'est devenu une réaffirmation de la démocratie : nous sommes antifascistes, pour l'égalité, contre l'intolérance, contre l'homophobie", a expliqué Mattia Santori, 32 ans, un des fondateurs du mouvement, dans une interview à l'AFP TV.

À Rome, le mouvement antifasciste des Sardines rassemble des dizaines de milliers de manifestants

Bella Ciao et hymne national

Samedi à Rome, la foule a entonné avec un bel entrain aussi bien le chant des résistants Bella Ciao que l'hymne national et écouté la lecture de morceaux choisis de la Constitution.

Les manifestants, jeunes et du troisième âge, venus à pied, en vélo et même en fauteuil roulant, rivalisaient d'imagination pour se distinguer dans la foule : qui portait une gigantesque sardine colorée de papier, qui une "brochette" de sardines, qui une méduse...

"Nous courons un risque, croire que les Sardines soient la solution à tous les maux. Mais les Sardines n'existent pas, ce sont des personnes qui remplissent les places avec leurs idées et voient un ennemi, la pensée unique simplifiée du populisme", a déclaré à la foule Mattia Santori.

#RomaNonsiLega haters ciavete rotto.
ora basta pic.twitter.com/hiZcF0Vg6z

— Oggi mi sento endiuorol (@Pieropippero) December 14, 2019

Rendre "cool" la politique

Mattia Santori, chercheur en économie et coach sportif bénévole dans des associations, et les autres cofondateurs, Andrea Garreffa, guide touristique de 34 ans, Roberto Morotti, ingénieur, 31 ans, veulent "redonner à la politique un pouvoir d'attraction" pour la rendre "cool", ont-ils expliqué devant la presse étrangère vendredi.

Le référent du mouvement à Rome est Stephen Ogongo, 45 ans, journaliste de profession, originaire du Kenya. Il a créé la page Facebook des Sardines romaines, juste avant d'aller se coucher il y a 15 jours. "Le lendemain, il y avait 10 000 personnes qui voulaient en faire partie. Le surlendemain 20 000", a-t-il expliqué à l'AFP.

Des bancs dans toute l'Italie

Selon Stephen Ogongo, Matteo Salvini a "réussi à dédouaner les pires formes de racisme", au point que "certains en étaient fiers", et même les non-racistes "s'étaient résignés".

Mais que peuvent devenir les Sardines, à part former des bancs dans toute l'Italie ? "Nous sommes au début, il y a un mois, elles n'existaient pas. L'essentiel", pour Stephen Ogongo, c'est de "parler à la tête et pas à l'estomac des gens", "de réveiller les consciences", d'amener la population à "faire des choix responsables" et les politiciens à "changer de langage".

S'ils se reconnaissent de gauche, ils se définissent comme "un corps intermédiaire" et ne veulent ni créer un parti ni se substituer aux associations existantes. De nombreuses Sardines militent pour le climat et la diversité des genres, contre la mafia et la précarité.

Avec AFP et Reuters