logo

Audition tendue au Congrès à l'approche du vote sur l'impeachment de Donald Trump

Alors que les chefs d'accusation contre Donald Trump devraient être présentés mardi, démocrates et républicains ont formulé, lors d'une audition très tendue lundi à la commission des Affaires judiciaires de la Chambre des représentants, leurs conclusions sur l'affaire ukrainienne. Ils ne sont d'accord sur rien.

La phrase a été répétée cinq fois par Jerry Nadler—: "Le président Trump a placé ses intérêts avant ceux du pays", a accusé le chef démocrate de la commission des Affaires judiciaires de la Chambre des représentants. C'est lui qui présidait l'audition extrêmement tendue qui s'est déroulée lundi 9 décembre au Congrès des États-Unis, dans le cadre d'enquête pour impeachment contre le président. Ajoutant un peu plus à l'électricité dans l'air, l'élu a du faire usage de son marteau à de multiples reprises pour calmer les requêtes incessantes des républicains.

Ces derniers étaient bien déterminés à prouver que non seulement le milliardaire n'a rien à se reprocher, mais qu'il est la victime d'une chasse aux sorcières qui a démarré dès son investiture. "Vous tentez de renverser les résultats" de la présidentielle 2016, a ainsi accusé l'élu républicain Matt Gaetz.

Abus de pouvoir

Face aux membres de la commission, les juristes des deux partis sont venus présenter ou contester les conclusions de l'enquête. Côté démocrate, Barry Berke a affirmé que Donald Trump s'était rendu coupable d'abus de pouvoir, avait trahi les intérêts des États-Unis et tenté de corrompre les élections de 2020 en faisant pression sur Kiev pour obtenir une enquête sur un rival politique. Il a pressé le Congrès d'agir afin de ne pas mettre les prochaines élections en danger.

"Le président Trump a mené pendant des mois un complot pour solliciter une aide étrangère dans sa campagne de réélection en 2020", a renchéri un autre juriste démocrate, Daniel Goldman.

Côté républicain, le juriste Stephen Castor a estimé que l'enquête initiée par les démocrates était avant tout un "effort concerté pour influencer l’élection" de 2020. Selon lui, l'abus de pouvoir n'a pas été prouvé par l'opposition. La raison pour laquelle Donald Trump a insisté sur les enquêtes auprès de Kiev était simplement un souci légitime de combattre la corruption, a-t-il argué. Il en a profité pour pointer du doigt le clan Biden, accusant l'ex-vice-président d'avoir fait limoger un procureur ukrainien qui enquêtait sur une compagnie gazière pour laquelle travaillait son fils Hunter.

Obstruction

Parmi les chefs d'accusation qui pourraient être retenus contre Donald Trump, qui a jusqu'ici refusé de coopérer avec les enquêteurs, ceux d'obstruction au Congrès et d'obstruction à la justice sont régulièrement cités. Mais les républicains ont tenté lundi d'inverser les rôles en accusant les démocrates de refuser d'écouter certains témoins, comme Joe Biden ou le lanceur d'alerte à l'origine de l'affaire.

Les chefs d'accusation contre Donald Trump doivent être annoncés officiellement dès mardi et mis au vote en commission d'ici la fin de la semaine. La cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, a prévu une conférence de presse avecnotamment Jerry Nadler et le président de la commission du renseignement, Adam Schiff, pour annoncer "les prochaines étapes" du processus de destitution.

La mise en accusation (impeachment) du 45e président américain devrait, elle, être votée avant Noël, majorité démocrate à la Chambre oblige. Mais le procès au Sénat devrait être plus favorable au chef de l'État qui y dispose toujours d'une majorité solide. Il ne risque donc pas la destitution à ce jour.