Plafonnement des bonus bancaires, pressions sur les États-Unis pour lutter contre le réchauffement climatique : les dirigeants européens se mettent d'accord à Bruxelles pour imposer leur agenda au sommet du G20 prévu fin septembre à Pittsburgh.
AFP - Les dirigeants de l'UE se sont mis d'accord jeudi soir sur une position commune pour réclamer une limitation des bonus au cours du prochain sommet du G20 aux Etats-Unis, avec notamment un clause de malus impliquant un remboursement éventuel de ces primes controversées.
"Ce soir, la bulle des bonus a éclaté", a proclamé le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays préside actuellement l'UE.
Le texte final sur lequel les chefs d'Etat et de gouvernement sont tombés d'accord pendant une réunion à Bruxelles, préparatoire au G20 prévu les 24 et 25 septembre à Pittsburgh aux Etats-Unis, prévoit spécifiquement la possibilité d'une "annulation" des bonus.
"En cas de rémunérations variables élevées, le paiement d'une proportion importante des rémunérations doit être différé et n'intervenir qu'au terme d'un délai approprié" et il "pourrait être annulé lorsque les résultats de la banque connaissent une évolution négative", indique le document final.
Le président français Nicolas Sarkozy s'est félicité du fait que "la notion de malus a été clairement introduite" pour ces primes par les dirigeants de l'UE, au cours d'une conférence de presse.
Les dirigeants des 27 pays de l'UE ont adopté un texte qui reprend une proposition de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne.
Le document demande que les pays riches et émergents du G20 se mettent d'accord sur le fait que la "rémunération variable" versée aux banquiers soit limitée en étant liée "à la performance à long terme" des banques, et non plus à de seules opérations spéculatives de court terme.
Les pays de l'UE soulignent en particulier la nécessité que le G20 instaure des "règles contraignantes" sur les bonus, "soutenues par la menace de sanctions au niveau national".
Les bonus sont jugés par beaucoup en partie responsables de la crise financière qui a ébranlé la planète depuis l'automne 2008, pour avoir entretenu une cupidité débridée et la fièvre spéculative sur les marchés.
Toutefois, les chefs d'Etat et de gouvernement n'ont pu s'entendre pour demander clairement un "plafonnement" des bonus avec une limite absolue, comme le souhaite la France. Et ce du fait de l'opposition britannique.
Tout au plus, ont-ils accepté d'"étudier" cette possibilité.
"Les Britanniques ont des problèmes avec ça, les Américains également, donc nous nous sommes mis d'accord sur cette formule qui ne veut rien dire, (disant) que nous allons étudier la question", a regretté le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.
"Mais moi je suis persuadé que viendra le moment où Britanniques et Américains nous rejoindront sur cette position, si jamais nous devions la faire nôtre" sur le continent européen, a-t-il ajouté.
L'administration américaine, sous la pression de Wall Street, est aussi très réticente à adopter de telles règles contraignantes.
Le président américain Barack Obama a clairement exprimé cette semaine son opposition à un plafonnement des bonus, contraire à ses yeux à la culture de libre entreprise des Etats-Unis.
"Le point qui pose problème (avec Washington) est le montant global des bonus" et le plafonnement, a reconnu M. Sarkozy.
Ce qui n'empêche pas la présidence suédoise de l'UE de vouloir un résultat ambitieux au G20. "Nous ne pouvons pas accepter que les bénéfices des banques soient privés mais que les pertes des banques soient payées par les contribuables", a dit Fredrik Reinfeldt.