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En désaccord avec Donald Trump, le chef de l'US Navy contraint à la démission

Le secrétaire américain à la Défense Mark Esper a demandé et obtenu, dimanche, la démission du chef de l'US Navy, Richard Spencer, après un désaccord concernant l'exclusion d'un soldat d'élite qui avait été gracié par le président Donald Trump

Le chef de l'US Navy, Richard Spencer, a été contraint à la démission, dimanche 25 novembre, à la suite d'une controverse sur le sort d'un soldat d'élite, accusé de crimes de guerre et gracié publiquement par le président Donald Trump.

Richard Spencer, auquel le secrétaire à la Défense Mark Esper venait de demander de démissionner, a confirmé son départ dans une lettre ouverte dans laquelle il critique Donald Trump, commandant en chef des forces armées américaines.

"Je ne partage plus la même compréhension que le commandant en chef, qui m'a nommé, en ce qui concerne les principes fondamentaux du bon ordre et de la discipline", a écrit Richard Spencer dans cette lettre publiée par les médias américains. "Je reconnais par la présente la cessation de mes fonctions comme secrétaire américain à la Marine".

Quelques heures auparavant, le secrétaire à la Défense avait appelé Richard Spencer à démissionner de son poste, une fonction civile.

Perte de confiance

Richard Spencer n'avait plus la "confiance" de Mark Esper "concernant son manque de sincérité sur des conversations avec la Maison Blanche dans le traitement du cas du Navy Seal Eddie Gallagher", indiquait le Pentagone dans un communiqué.

Edward Gallagher, membre des Navy Seals, une unité d'élite de la Marine, avait été jugé pour crimes de guerre dans une affaire très suivie aux États-Unis. Il avait été déclaré le 2 juillet non coupable du meurtre d'un prisonnier en Irak, en 2017, et acquitté de deux tentatives de meurtre sur des civils irakiens.

Mais le soldat Edward Gallagher avait été déclaré coupable d'avoir posé à côté du corps du jeune homme tué en compagnie d'autres soldats, une photo de nature à "porter préjudice aux forces armées", d'après l'acte d'accusation. Il avait en conséquence été dégradé d'un rang, une sanction qui réduisait sa solde et sa retraite. Le 15 novembre, Donald Trump avait annulé la décision de la Navy de le rétrograder.

Le département de la Défense a accusé le secrétaire à la Marine d'avoir secrètement proposé à la Maison Blanche un arrangement aux termes duquel, si la présidence n'interférait pas avec les procédures entreprises contre Gallagher, le militaire prendrait sa retraite sans être auparavant exclu des Navy Seal. Richard Spencer n'aurait pas communiqué cette proposition au secrétaire à la Défense.

L'US Navy avait lancé une procédure interne qui pouvait aboutir au retrait d'Edward Gallagher et de trois autres membres de la même unité de l'insigne distinctif des Navy Seals, le Trident, une sanction qui équivaut à une exclusion pure et simple des Seals.

"Avec tous les honneurs"

Mais l'intervention de Donald Trump avait compromis le processus. Le président avait déclaré jeudi sur Twitter : "La Navy n'enlèvera PAS l'insigne du Trident au Combattant et Navy SEAL Edward Gallagher".

Dimanche, le président américain a tweeté que Gallagher avait été "très mal traité" par la Navy. Il a indiqué que Richard Spencer avait été prié de démissionner en raison de cette affaire et aussi pour ne pas avoir pris des mesures concernant un problème de dépassements budgétaires.

Le président américain a réaffirmé que Gallagher ne serait pas exclu des Navy Seals. "Eddie prendra tranquillement sa retraite avec tous les honneurs qu'il a mérités", a-t-il tweeté.

Dans sa lettre ouverte annonçant son départ, Richard Spencer déclare que sa conscience ne lui permettait pas de se conformer à ce que souhaitait Donald Trump dans l'affaire Gallagher.

"En conscience, je ne pouvais pas obéir à un ordre qui, à mon avis, violait le serment sacré que j'ai prêté de soutenir et de défendre la Constitution", affirme-t-il. L'ancien secrétaire à la Marine ajoute que maintenir l'ordre et la discipline dans les rangs de la Navy "est un travail extrêmement sérieux".

Le cas d'Edward Gallagher et ceux d'autres militaires graciés en novembre par Donald Trump ont suscité des critiques d'anciens responsables militaires américains.

Le président a décidé de gracier le premier lieutenant Clint Lorance, condamné pour avoir ordonné en 2012 de tirer sur un groupe de trois civils afghans, dont deux étaient morts. Avant sa grâce présidentielle, Lorance avait effectué six des 19 ans de prison auxquels il avait été condamné.

Donald Trump a également gracié un ancien membre des Bérets Verts, unité d'élite de l'armée de terre américaine, accusé du meurtre prémédité en 2010 d'un Taliban qui était soupçonné de fabriquer des bombes.

Avec AFP