Le Portugais José Manuel Barroso a été reconduit pour cinq ans à la présidence de la Commission européenne après avoir obtenu la majorité absolue au Parlement européen : 382 députés sur 718 ont voté pour lui.
José Manuel Barroso a été reconduit à la tête de la Commission européenne pour un second mandat de cinq ans par 382 voix sur les 718 députés qui ont pris part au vote. 117 députés se sont abstenus.
« En tant que Président de la Commission, mon parti sera l'Europe. Et j'appelle tous ceux qui veulent monter à bord pour ce voyage excitant qu'est la construction de l'Europe à me rejoindre. Car nous avons besoin d'un consensus pour une Europe Unie », a déclaré José Manuel Barroso, peu après l’annonce de sa réélection.
Plus qu’une véritable élection, c’est à un plébiscite qu’a été soumis l’ancien Premier ministre portugais. L’opposition parlementaire de gauche n’ayant pas réussi à s’entendre sur un candidat commun, comme l’explique Caroline de Camaret, l'envoyée spéciale de FRANCE 24 à Strasbourg, Barroso était l’unique candidat du scrutin.
Nombreuses critiques
Le suspens de l’élection résidait davantage dans le nombre de voix remportées que dans l’identité du vainqueur. Barroso a réussi son pari de remporter le scrutin à la majorité absolue, ainsi que le prévoit le traité de Lisbonne s’il entre en vigueur. Pour Jean-Dominique Giuliani, président de la fondation Robert Schuman interrogé sur FRANCE 24, cette victoire confortable écarte le risque "qu’un Cohn-Bendit ou qu’un président de groupe socialiste réclame un nouveau vote" en cas de ratification du traité.
Ce résultat permet également à Barroso de faire taire les critiques à l’origine du peu d’enthousiasme suscité par le scrutin. Car ce polyglotte de 53 ans n’avait pas que des soutiens et à dû adapter sa campagne aux reproches de ses détracteurs. Les membres du Parlement européen avaient refusé de l'investir dès leur session inaugurale en juillet, exigeant de lui un programme plus complet. José Manuel Barroso s’est donc prêté au jeu et a mené une campagne acharnée pour se maintenir à la tête de l’institution.
"Il a dû présenter un programme différent de ce qu’il avait fait ces dernières années. On voit donc qu’il a pris en compte certaines critiques", remarque Jean-Dominique Giuliani. "Aux socialistes, il promet de lutter contre le dumping social", cite-t-il comme exemple. Barroso s’est également engagé à créer un poste de commissaire chargé de la justice, des droits fondamentaux et des libertés civiles.
L’euro-député Daniel Cohn-Bendit, qui a fait campagne contre la présidence Barroso, minimise sa victoire sur FRANCE 24 : "La majorité absolue de M. Barroso est faible. Il a beaucoup moins de voix que la dernière fois. Avec une cinquantaine de conservateurs eurosceptiques, sa majorité est variable, mouvante."
Des décisions collégiales
On reproche également à Barroso sa faiblesse vis-à-vis des chefs d’Etat et de gouvernement. "Beaucoup de détracteurs lui reprochent d’avoir affaibli la Commission européenne en la mettant entre les mains des Etats membres", explique Caroline de Camaret. La crise économique a, en effet, montré que c’était les gouvernements des pays membres qui étaient aux commandes des mesures anti-récession mais qu’ils peinaient à travailler sur un plan de relance à l’échelle européenne.
Pour Dominique Giuliani, "la critique est injuste, car la Commission a grossi et compte aujourd’hui 27 membres". Il rappelle que la tâche du président de la Commission a changé car, si auparavant les grands Etats comme la France avaient deux commissaires, ils n’en ont plus qu’un aujourd’hui. "C’est donc un collège où il faut prendre les décisions de manière collégiale", conclut-il.
Peu après son élection, Barroso, a d’ailleurs répondu à ses détracteurs en ce sens. « Certains ont l'air de suggérer qu'il est mal, ou qu'il serait un signe de faiblesse de chercher le consensus.... Excusez-moi de le dire mais ils ne comprennent rien à l'Europe. La seule façon de diriger l'Europe aujourd'hui c'est d'obtenir ce genre de consensus. Donc je ne vais pas m'excuser d'avoir eu le soutien des 27 chefs de gouvernement de l'Europe », a-t-il délaré.
Mais plus que de répondre aux attentes des différentes formations du Parlement européen, un dossier de taille attend le président de la Commission européenne : celui du traité de Lisbonne dont la ratification est toujours en suspend.