Lors de sa visite à Shanghaï lundi, Emmanuel Macron espère profiter de la rivalité commerciale avec les États-Unis pour multiplier les accords commerciaux avec la Chine. L'Élysée assure que les évènements à Hong Kong seront évoqués "sans tabou".
En pleine guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine cherche de nouveaux amis. Ce pourrait être le président français Emmanuel Macron, qui débute lundi 4 novembre une visite de trois jours à Shanghai, puis Pékin. "Entre amis, on offre toujours le meilleur, surtout à un ami qui vient de loin. Il faut lui réserver l'accueil le plus amical et le plus chaleureux", a commenté un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhu Jing, paraphrasant Confucius. Il s'agit de la deuxième visite en Chine du président français depuis le début de son mandat.
Quarantaine de contrats commerciaux
Dès son arrivée lundi, le président français devait assister à un dîner de gala avec les autres dirigeants mondiaux conviés à l'inauguration de la deuxième Foire aux importations de Shanghai, un rendez-vous annuel instauré par le régime communiste pour convaincre de son intention d'ouvrir son marché.
Une quarantaine de contrats devraient être signés notamment dans les domaines de l'aéronautique, de l'énergie et de l'agroalimentaire. La France espère ainsi rééquilibrer les accords commerciaux avec la Chine, qui exporte vers l'Hexagone bien plus qu'elle n'importe de produits français. L'écart entre les deux pays atteint près de 30 milliards d'euros.
"Hong Kong et le Xinjiang relèvent des affaires intérieures de la Chine"
Mais soigner sa relation avec le géant asiatique a un prix : pas question de dénoncer haut et fort la situation à Hong Kong, a prévenu Pékin. "Hong Kong et le Xinjiang relèvent des affaires intérieures de la Chine, il n'est pas pertinent que ce soit à l'ordre du jour diplomatique", a averti la diplomatie chinoise.
De son côté, l'Élysée a assuré qu'Emmanuel Macron aborderait "sans tabou" les questions de droits de l'Homme ainsi que la situation à Hong Kong et dans la région à majorité musulmane du Xinjiang.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a appelé Emmanuel Macron à faire pression sur son homologue "pour la fermeture des camps d'éducation politique" au Xinjiang, où Pékin détiendrait plus d'un million de Ouïghours, une ethnie soupçonnée de tendances islamistes et séparatistes.
Les Européens, nouveaux alliés de la Chine ?
Pour le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l'Université baptiste de Hong Kong, il ne fait pas de doute que l'offensive américaine pousse les Chinois à se rapprocher de la France, mais aussi de l'Allemagne et du Royaume-Uni. Pour autant, "les Européens seraient naïfs de croire qu'ils peuvent s'allier à la Chine contre Trump", avertit-il.
"La Chine reste un problème pour l'OMC, un facteur de déstabilisation en mer de Chine méridionale, une menace face à Taïwan et un pôle autoritaire face à Hong Kong et à nos valeurs démocratiques", estime l'auteur de "Demain la Chine, démocratie ou dictature ?" (éd. Gallimard).
Les marines française et chinoise ont d'ailleurs été aux prises lors d'un incident naval au printemps dernier dans le détroit de Taïwan.
À Shanghai, métropole géante de 24 millions d'habitants, le président français inaugurera mardi le nouveau Centre Pompidou.
Il sera à Pékin mercredi pour de nouveaux entretiens avec Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang. Une quarantaine de contrats doivent être signés à cette occasion.
Avec AFP