Virgin Galactic va devenir, lundi, la première entreprise de tourisme spatial à être cotée en Bourse. Une initiative pour lever des fonds afin d’envoyer au plus vite des touristes dans l’espace et prendre l’avantage sur ses principaux concurrents.
Acheter une part du tourisme spatial. C’est ce que veut proposer l’entrepreneur britannique Richard Branson en procédant à l’introduction en Bourse de sa société Virgin Galactic, lundi 28 octobre. Elle deviendra la première entreprise du secteur du tourisme spatial à s’envoler sur les marchés financiers.
Virgin Galactic se prépare depuis sa création en 2004 à emmener des civils en balade à la limite de l’espace. Les fonds que la société espère lever à l’occasion de son entrée à la Bourse de New York doivent lui permettre de tenir les délais fixés par Richard Branson : organiser la première virée spatiale à la mi-2020.
Un billet à 250 000 dollars
La société californienne deviendrait la première à utiliser un lanceur commercial privé pour envoyer des touristes dans l'espace. La Russie avait, jusqu'en 2009, mis ses fusées Soyouz à disposition pour organiser plusieurs séjours touristiques à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Richard Branson a déjà réservé sa place pour devenir le premier passager de son SpaceShipTwo, qui doit s’envoler à environ 83 km d’altitude. Il sera accompagné de cinq autres touristes parmi les plus de 600 riches Terriens qui ont réservé leur billet pour la modique somme de 250 000 dollars.
Si Virgin Galactic tient ses objectifs, la société prendra l’avantage sur ces deux principaux concurrents américains : SpaceX et Blue Origin. La bataille du tourisme spatial peut actuellement se résumer à un combat de coqs de stars de la Silicon Valley. Face à Richard Branson, SpaceX est piloté par le serial-entrepreneur Elon Musk, aussi connu pour être le patron de la marque de voitures électriques Tesla, et Blue Origin appartient à Jeff Bezos, l’homme le plus riche sur Terre et PDG d’Amazon.
Ce serait aussi une revanche de Virgin Galactic sur les deux autres poids lourds du secteur. Jusqu’à 2018, la société de Richard Branson était la seule à ne pas avoir réussi à faire un vol d’essai suborbital, c’est-à-dire atteindre les 100 km d’altitude. Elle y est finalement parvenue en décembre 2018, rattrapant un peu son retard sur SpaceX et Blue Origin qui avaient déjà, tous les deux, franchi cette étape au début des années 2010.
Un marché à trois milliards de dollars
Depuis 2009, les rêves des très riches d’aller passer des vacances dans l’espace se fondaient sur des promesses jamais tenues. Elon Musk, Richard Branson et Jeff Bezos ont, à plusieurs reprises, repoussé la date du premier vol touristique suborbital. L’entrée en Bourse de Virgin Galactic pourrait changer la donne : la pression des actionnaires devrait inciter l’entreprise à tenir son calendrier.
Ces riches entrepreneurs sont d’autant plus pressés de passer à l’étape suivante que le secteur promet d’être lucratif. Dans une analyse publiée en mars 2019, la banque suisse UBS prévoit que le tourisme spatial pourrait rapporter plus de deux milliards de dollars d’ici 2030 si les premiers vols étaient organisés avant la fin de cette décennie.
Il pourrait même valoir près de 20 milliards de dollars, si ces entreprises ne se limitaient pas à faire des excursions ponctuelles pour quelques milliardaires en mal de sensations fortes. Pour UBS, les vols supersoniques permettant de relier des villes comme Paris et Tokyo en moins de 30 minutes pourraient devenir l'activité la plus lucrative. C’est l’un des principaux paris d’Elon Musk qui promettait, déjà en 2017, que ses "Big F**cking Rockets" (BFR, qui est aussi le nom de code du projet…) y parviendraient avant 2022.
Hôtels spatiaux et colonies de vacance sur Mars ?
Qui dit touristes, dit aussi hôtels de l’espace. Pour le coup, c’est la Nasa qui s’intéresse à cette idée et a dévoilé son projet de transformer certaines parties de la Station spatiale internationale (ISS) en hôtel de luxe pour multimilliardaires à partir de 2020. L’agence américaine a prévu de facturer près de 35 000 dollars la nuit sur place.
D’autres entreprises, comme SpaceX et Bigelow Space Operation imaginent plutôt d’implanter des colonies sur la Lune ou dans l’espace, sur le modèle de Deep Space Nine, la station spatiale de la série éponyme.
Elon Musk a, quant à lui, carrément la tête dans les nuages martiens. “Je veux mourir sur Mars, et non lors d’un crash”, a-t-il assuré en 2013. Il veut envoyer une première mission de reconnaissance en 2022 pour tâter le terrain, afin de se rendre compte “des risques liés à la colonisation” de la planète, peut-on lire sur le site de SpaceX. En revanche, l’entreprise reste beaucoup plus floue sur la date à laquelle devrait débuter la colonisation à proprement parler.
En attendant que ces rêves fous se précisent, notamment quant à la faisabilité technologique et financière, Guy Laliberté, le fondateur du Cirque du soleil, demeure le dernier touriste spatial. Un privilège qui lui avait coûté 35 millions de dollars pour passer neuf jours à bord de l’ISS.