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Participation massive pour des législatives jouées d'avance

Les bureaux de vote ont enregistré une participation dépassant les 93 % pour les élections législatives censées marquer une démocratisation du pays. Les candidats étaient tous issus du même parti, celui du chef d'État actuel.

AFP - Les Turkmènes ont voté dimanche pour élire leurs députés dans un scrutin censé marquer une démocratisation de ce pays d'Asie centrale riche en gaz et toujours marqué par le règne du "président à vie" Saparmourat Niazov, mort en 2006, qui l'avait coupé du monde.

Plus de 2,5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir leurs députés parmi 288 candidats, qui soutiennent tous la politique du chef de l'Etat Gourbangouly Berdymoukhamedov.

En conformité avec la nouvelle Constitution adoptée en septembre, le rôle du Medjlis (Parlement) doit être renforcé et le nombre des députés passera de 65 à 125.

Le taux de participation a atteint 93,87% après la fermeture des 2.118 bureaux de vote à 13H00 GMT.

M. Berdymoukhamedov, "leader de la nation, citoyen et fils de son peuple", a voté à Achkhabad, la capitale turkmène, dès le petit matin avec son père, comme le veut la tradition, ont rapporté les médias officiels.

En descendant de sa Mercedes, il a été accueilli par deux jeunes femmes en robe bordeaux traditionnelle qui lui ont offert des roses. Un tapis avait été déroulé jusqu'au bureau de vote, selon des images de la télévision.

Les bureaux de vote étaient ornés de drapeaux turkmènes et de portraits du président Berdymoukhamedov, et des petits buffets payants proposant des boissons et de la pâtisserie étaient organisés pour les électeurs.

A Guiami, un village proche de la capitale, Gouzel, 25 ans, s'est rendu au bureau de vote parce que sa fille y dansait des danses folkloriques. "J'ai voté pour un habitant du village. C'est une personne expérimentée qui connaît bien la vie du village", a-t-elle expliqué.

Les élections sont présentées comme "pluralistes" et une quarantaine d'observateurs y ont été invités pour la première fois, principalement de la CEI (Communauté des Etats indépendants, 11 ex-républiques soviétiques).

Ces derniers doivent donner une conférence de presse lundi matin.

L'OSCE (Organisation pour la Sécurité et Coopération en Europe) a envoyé huit experts pour qu'ils rédigent "un rapport interne". Ils ne "feront aucun commentaire public", a déclaré à l'AFP Jens Hagen Eschenbecher, porte-parole du BIDDH (Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'Homme de l'OSCE).

Les élections s'inscrivent dans les efforts affichés par le président Berdymoukhamedov, élu en février 2007, pour démocratiser cette ex-république soviétique de 4,8 millions d'habitants.

Pendant 21 ans, le "président à vie" Saparmourat Niazov, dit Turkmenbachi, décédé en décembre 2006, y a entretenu un culte délirant de la personnalité.

M. Berdymoukhamedov a entrouvert le pays aux investisseurs étrangers dans le secteur des hydrocarbures et est revenu sur certaines des mesures les plus excentriques de son prédécesseur comme l'interdiction de l'opéra.

Dernière décision en date, le Turkménistan ne sera plus présenté dans les paroles de l'hymne national comme "création du grand Turkmenbachi".

Selon des experts indépendants, l'ouverture reste cependant très limitée.

Human Rights Watch a estimé en novembre que le Turkménistan avait réalisé "certains progrès" mais restait cependant "l'un des Etats plus répressifs et autoritaires au monde".

"Il est désormais plus facile de sortir du Turkménistan, on risque moins une arrestation pour des contacts avec des étrangers. Mais l'opposition n'existe toujours pas, ni les médias indépendants. Et la disposition selon laquelle toute critique contre le régime est considérée comme haute trahison est toujours en vigueur", souligne Vitali Ponomarev, spécialiste de l'Asie centrale à l'ONG russe Memorial.

"La façade change, mais le fondement reste le même", a récemment déclaré un diplomate occidental à Achkhabad sous couvert de l'anonymat dénonçant le contrôle total du président Berdymoukhamedov sur l'économie et les médias.