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C'est "à bras ouverts" que le chef de l'État zimbabwéen, Robert Mugabe, a reçu la première délégation de l'Union européenne à se rendre dans le pays depuis 2002. L'abandon des sanctions pesant sur Harare n'a toutefois pas été évoqué.

AFP - Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a accueilli samedi "à bras ouverts" la première délégation de haut niveau de l'Union européenne à se rendre dans le pays depuis sept ans, mais la question de l'abandon des sanctions visant le pays n'a pas été abordée.

"Je pense que nous pouvons reconnaître que des progrès ont été accomplis, mais il y a toujours un certain nombre de problèmes en suspens et nous en avons discuté avec le président dans une ambiance très ouverte", a expliqué après la rencontre le commissaire européen au développement, Karel de Gucht, qui dirige lé délégation.

Robert Mugabe avait lui-même auparavant estimé qu'il avait établi "un bon rapport" avec la délégation de l'UE.

Pour autant, la question sensible des sanctions visant le Zimbabwe n'a pas été abordée lors des discussions, selon la ministre suédoise à la coopération, Gunilla Carlsson, membre de la délégation, qui a précisé que "l'heure n'est pas à la négociation".

"Nous vous accueillons à bras ouverts. Nous espérons que nos discussions seront fructueuses et auront une conclusion positive", avait auparavant déclaré sur un ton jovial le président du Zimbabwe.

Une déclaration apaisante qui tranche après la violente sortie vendredi, au cours de laquelle Robert Mugabe a dénoncé les ingérences des "sales blancs" dans les affaires du Zimbabwe.

"Qui a dit que les Britanniques et les Américains doivent commander les autres ? Nous n'avons pas invité ces sales blancs. Ils veulent fourrer leur nez dans nos affaires. Refusez ça", a lancé aux jeunes de son parti Robert Mugabe, 85 ans, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980.

L'Union européenne a envoyé une délégation de haut niveau au Zimbabwe pour la première fois depuis l'imposition des sanctions en 2002, afin d'étudier un éventuel déblocage à terme de son aide au développement.

Ces sanctions incluent notamment un gel de l'aide européenne, en dehors de l'aide humanitaire et sociale directe à la population, ainsi que l'interdiction de présence sur le sol européen pour M. Mugabe, sa femme Grace et leur entourage.

La réunion entre les deux parties débute alors que les dirigeants de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC - 15 pays) ont réclamé mardi lors d'un sommet à Kinshasa la fin des sanctions européennes et américaines afin de promouvoir les investissements, mais sans pour autant vouloir protéger Robert Mugabe.

Mais le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, a affirmé jeudi que l'Union n'était "pas prête" à lever les sanctions, prises pour sanctionner les violations des droits de l'Homme dans le pays.

Le Zimbabwe est en proie depuis une décennie à une crise économique sans précédent, mais la formation d'un gouvernement d'union nationale a suscité l'espoir d'une amélioration alors que l'écrasante majorité des habitants est au chômage et n'a pas les moyens de se nourrir.

Le gouvernement d'union, créé en février sous la pression internationale pour sortir le Zimbabwe de la paralysie politique née de la défaite du régime aux élections générales de mars 2008, réunit le président Mugabe et l'ex-opposant Morgan Tsvangirai, aujourd'hui Premier ministre et que la délégation européenne doit rencontrer dimanche.

Plusieurs points de désaccord subsistent toutefois entre les deux hommes, en conflit ouvert notamment sur la nomination du gouverneur de la Banque centrale et la poursuite des violations des droits de l'Homme.