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“The End” : Samuel Eto’o raccroche les crampons

À 38 ans, Samuel Eto’o a annoncé, vendredi, sur Instagram la fin de sa carrière de footballeur professionnel. L’ex-international camerounais devrait dans un premier temps devenir collaborateur du président de la Confédération africaine de football.

Fin de partie pour le “petit Milla”. Outre la grandeur associée à son surnom (référence au fameux footballeur camerounais Roger Milla), Samuel Eto’o est considéré comme l’un des plus grands joueurs africains de l’histoire du football. Vendredi 6 septembre, il a annoncé qu’il mettait un terme à sa carrière professionnelle. ”The end, vers un nouveau défi... Merci à tous, big love adrénaline", a écrit sur Instagram l’ancien international camerounais.

À 38 ans, l’attaquant de haut niveau était sans club après une dernière expérience au Qatar Sports Club – sans grand intérêt sportif au regard du niveau de jeu affiché dans le championnat qatari –, dernière expérience d’une carrière de vingt-deux années très riches.

En deux décennies, Samuel Eto’o a certainement laissé son nom au panthéon des grands joueurs du football mondial, même si le début de sa carrière s’est avéré compliqué pour le jeune joueur originaire de Douala. À 15 ans, il tente sa chance en France mais “prend une mauvaise décision”, comme il l’expliquait dans un entretien à France 24 en 2014 : “Tout jeune africain, j’ai le rêve d’aller réussir en Europe mais (je suis) sans-papiers. J’arrive avec un visa de dix jours, mais je décide de rester plusieurs mois.”

D’abord à Marseille, puis à Avignon et à Paris. “C'était un moment difficile", explique Samuel Eto’o. "Je n’étais sorti de mon logement que deux ou trois fois car, à l'époque, tout le monde était soupçonné d'être un sans-papiers. Et quand on vous attrapait, on vous renvoyait chez vous. C'était vraiment très difficile”. Le joueur camerounais rentre finalement à Douala, avant de revenir brièvement en France pour un essai au club de foot du Havre (le HAC). “Mais le formateur qui l’a observé ne l’a pas trouvé bon”, a expliqué à France Football en 2015 Pierre Foissac, un ancien recruteur pour le HAC. Quelques semaines plus tard, Samuel Eto’o signe un contrat au Real Madrid.

Un grand palmarès mais pas de Ballon d’Or

Mais en un an et demi le jeune attaquant ne dispute que 6 matches sous le maillot des Merengue, barré par la concurrence – Ronaldo, Raul – sous l’ère Galactique du Real Madrid. S’ensuit un bras de fer avec le club et un transfert vers Majorque.

Et c’est l’envol de Samuel Eto’o : 60 buts inscrits en 145 matches, puis un transfert au FC Barcelone où il affole les compteurs. Il continue ensuite d’écrire ses plus belles heures à l’Inter Milan. Surtout, il garnit pendant ces années son armoire à trophées, réussissant successivement deux triplés en 2009 et 2010 – deux fois vainqueur de la Ligue des Champions, champion d’Espagne et d’Italie, vainqueur de la Coupe d’Espagne et d’Italie.

Dans les années 2000, Samuel Eto’o devient aussi une figure emblématique des Lions Indomptables. Avec le Cameroun, il remporte les Jeux Olympiques (en 2000) et deux fois la Coupe d’Afrique des nations (en 2000 et 2002). Individuellement, il est désigné quatre fois meilleur joueur africain de l’année (en 2003, 2004, 2005 et 2010). Mais il n’aura jamais le Ballon d’Or. ”J’aurais pu être Ballon d’Or européen une ou deux fois, mais je ne l’ai pas été. Je ne le réclame pas, car le plus important pour moi ce sont les titres collectifs”, expliquait le principal intéressé à BeIN Sports en 2014.

Franc-parler hors et sur les terrains

S’il n’a pas eu la récompense individuelle suprême pour un footballeur européen, Samuel Eto’o croit aussi savoir qu’il “n’a pas été toujours reconnu”. Et il explique : “Nous, les Africains, on se sent parfois défavorisés. Quand je suis arrivé au Barça, j’ai dit : ‘Je vais travailler comme le Noir que je suis pour vivre comme vous les Blancs.’ Il faut faire trois ou quatre fois plus que les autres pour être reconnu.”

Ce franc-parler hors et sur les terrains, Samuel Eto’o l’a eu tout au long de sa carrière. De l'humour et de l'ego aussi, comme au mercato d’été 2018 où une improbable rumeur l’envoie jouer à Nîmes. Le club français propose alors de lancer une cagnotte virtuelle pour financer le transfert du joueur, qui propose… d’y contribuer.

Il sait aussi être à l’initiative pour des causes plus sérieuses, comme quand il lance en 2015 l’opération "Yellow Whistle Blower FC" pour aider les victimes de Boko Haram. Par ailleurs, depuis 2014, une fondation qui porte son nom œuvre en Afrique de l’Ouest pour venir en aide aux populations défavorisées notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation ou encore du sport.

Après avoir raccroché les crampons, Samuel Eto’o ne va certainement pas délaisser cette activité à vocation humanitaire. Dans son message posté vendredi, il parle aussi d’un “nouveau défi”. Cela fait-il référence aux nouvelles fonctions qu’il va occuper au sein de la Confédération africaine de football (CAF) ? Le président de la CAF, Ahmad Ahmad, a en effet annoncé mi-juillet que Samuel Eto'o et Didier Drogba, lui aussi fraîchement retraité, vont devenir des collaborateurs avec “des fonctions officielles”.

“Didier Drogba réfléchira sur l'amélioration du statut du joueur africain. Samuel Eto'o va se charger des relations avec les Fédérations et les Confédérations”, a détaillé Ahmad Ahmad, dessinant pour les deux ex-footballeurs un rôle aux contours politiques. Mais faire carrière en politique, “ce n’est pas mon rêve”, admettait Samuel Eto’o dans une interview à France Football en 2018. L’ancien Lion Indomptable n’a jamais caché son envie de passer un jour des terrains au banc de touche pour devenir entraîneur.  En attendant, Samuel Eto’o gardera encore un pied dans le foot grâce à son fils, Étienne. L’enfant de “petit Milla” évolue actuellement au Real Majorque, un club qui a fait connaître au monde du foot le nom d’un certain Samuel Eto’o.