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Festival de Deauville : les femmes en tête d'affiche

Catherine Deneuve et Anna Mouglalis présidentes de jury, Kristen Stewart, Geena Davis et Sophie Turner mises à l'honneur... Le 45e festival du cinéma américain de Deauville, qui se tiendra du 6 au 15 septembre, met les femmes au premier plan.

La séance sera aussi longue qu’un hiver à Winterfell… Pour sa 45e édition, le festival du cinéma américain de Deauville projettera sur le grand écran du Morny les quelques 70 heures qui constituent l’intégralité de la célèbre série "Game of Thrones". Qu’on se rassure : la diffusion des 72 épisodes de l’épopée médiévale ne se fera pas d’un seul trait mais sera étalée sur toute la durée du festival, à raison d’une saison par jour (il y en a huit). Qu’on ne s'y méprenne pas : aucune scène inédite ou bonus exclusif ne sera montré. En clair, ceux qui ont déjà vu la série à la télévision (ou sur une plateforme de streaming) ne découvriront rien d’autres que le plaisir de revoir les "Noces pourpres" ou la "Bataille des bâtards" en format XXL (ce qui, en soi, constitue une expérience de spectateur). De fait, l’événement s’adresse moins aux cinéphiles déjà acquis aux salles obscures qu’aux jeunes générations davantage attirées par le petit écran que le grand. "Game of Thrones" comme produit d’appel en quelque sorte…

L’opération bénéficiera, en outre, d’un patronage de luxe en la personne de Sophie Turner, alias Sansa Stark, l’une des protagonistes phares de la série. La jeune comédienne britannique sera en effet présente à Deauville non pas pour présenter un à un chaque épisode de la série mais pour recevoir le prix "Nouvel Hollywood" qui, chaque année, distingue une étoile montante du cinéma made in USA (Ryan Gosling et Jessica Chastain, par exemple, en sont tous deux lauréats).

Sexisme à Hollywood

Sophie Turner ne sera toutefois pas la seule coqueluche hollywoodienne présente à Deauville. Kristen Stewart fera également le déplacement en Normandie pour présenter "Seberg", le biopic de la comédienne Jean Seberg, dont elle tient le rôle titre, et "JT LeRoy", basé sur l’histoire vraie d’une imposture littéraire. Au passage, l’ancienne star de la saga "Twilight" se verra elle aussi décerner une récompense, celle du "Deauville Talent Award" qui, depuis l’an passé, honore la carrière de plusieurs actrices ou acteurs. Seront donc également distingués cette année : Pierce Brosnan, Sienna Miller et Geena Davis. Figure de proue de la lutte antisexiste à Hollywood, l’héroïne du cultissime "Thelma et Louise" viendra également présenter en tant que productrice "This Changes Everything", documentaire de Tom Donahue dans lequel Cate Blanchett, Meryl Streep, Natalie Portman ou encore Sharon Stone évoquent la sous-représentation féminine dans les instances décisionnelles de l’industrie du cinéma.

Le film s’annonce déjà comme l’un des temps forts de cette édition 2019 où les femmes seront aux avant-postes, à l’image de ses deux jurys, celui de la compétition et celui des révélations, qui seront respectivement présidés par les comédiennes Catherine Deneuve et Anna Mouglalis. Car, à l’instar des festivals de Cannes ou de Venise, la vitrine française du cinéma américain, c’est aussi une sélection de films d’auteur se disputant un titre suprême (en l’occurrence le Grand Prix du festival de Deauville). Bien qu’on ne puisse parler d’une parité absolue, notons que sur les 14 long-métrages en lice, six sont l’œuvre d’une réalisatrice. En cas de sacre de l’une d’elles cette année, ce serait la sixième fois que Deauville distingue une femme depuis la création du Grand Prix en 1995 (rappelons que, dans l’histoire du festival de Cannes, seule une réalisatrice s’est vue décerner une Palme d’or…).

Une adolescence américaine

Pour autant, les œuvres sélectionnées n’affichent pas un tropisme féministe marqué. Sur le papier, un bon nombre de films semblent davantage partager un penchant pour les récits d’initiation adolescente. Ainsi dans "Bull", Annie Silverstein met en scène une jeune délinquante qui se prend de passion pour le rodéo. Avec "Mickey and the Bear", Annabelle Attanasio sonde les questionnements d’une jeune fille contrainte de s’occuper seule de son père malade. Comptant parmi les sensations du dernier festival de Cannes, "Port Authority" de Danielle Lessovitz suit l’apprentissage amoureux entre un jeune garçon et une trans, tandis que "Share" de Pippa Bianco, "Skin" de Guy Nattiv et "Ham on Rye" de Tyler Taormina évoquent, dans des registres différents, le fardeau de son environnement social.

Il sera aussi question de folie dans "The Lighthouse" de Robert Eggers avec Willem Dafoe et Robert Pattinson, d’amitié dysfonctionnelle dans "The Climb", comédie à bicyclette signée Michael Angelo Covino ou encore de marionnettistes dans "Judy and Punch" de Mirrah Foulkes.

Woody Allen et Terrence Malick en avant-première

En dehors de la compétition, le festival de Deauville, c’est aussi l’occasion de découvrir en avant-première des films américains particulièrement attendus. L’ouverture du festival sera ainsi dévolu à "Un jour de pluie à New York", le dernier film de Woody Allen. La clôture du festival reviendra à "Wasp Network" du Français Olivier Assayas avec Penelope Cruz et Gael Garcia Bernal en têtes d’affiche. Entre-temps, "Une vie cachée" de Terrence Malick et "Waiting for The Barbarians", avec un Johnny Depp en colonel tortionnaire, auront tâché de séduire les festivaliers.

Dans la sélection documentaire, cette édition 2019 fera la part belle aux grandes aventures humaines de l’histoire des États-Unis. Découvert à Cannes, "5B" de Paul Haggis et Dan Kraus revient sur le premier service hospitalier entièrement voué aux malades du sida. Grâce à des images et des enregistrements audio inédits, "Apollo 11" fait, quant à lui, revivre la célèbre mission de la Nasa qui vit le premier homme marcher sur la Lune.

Enfin, signalons une embardée hors de terres américaines. Après avoir décroché le Prix du jury du dernier festival de Cannes, "Les Misérables", film choc sur les violences policières dans la banlieue parisienne, sera également présenté au public deauvillais. Le long-métrage de Ladj Ly recevra en effet le prix d’Ornano-Valenti, récompense délivrée par un jury de critiques anglo-saxons à un premier film français afin d’en favoriser l’exportation à l’étranger, notamment aux États-Unis. Peut-être le début d’une belle aventure outre-Atlantique…