Le gouvernement du Premier ministre britannique, Boris Johnson, a perdu, mardi, sa majorité au Parlement, qui ne tenait qu'à une voix, avec la défection d'un député conservateur, qui rejoint le Parti libéral-démocrate, europhile.
Alors que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, faisait face, mardi 3 septembre, aux députés britanniques, son gouvernement a perdu sa majorité au Parlement, qui se tenait à une seule voix, avec la défection d'un député Tory.
Phillip Lee, jusqu'alors député conservateur, a rejoint le parti europhile libéral-démocrate, le justifiant dans un communiqué publié pendant la déclaration de Boris Johnson. "Le gouvernement conservateur poursuit de manière agressive un Brexit (aux conséquences) dommageables. Il met en danger des vies (...) et menace de manière injustifiée l'intégrité du Royaume-Uni", a-t-il écrit.
Lors de sa prise de parole pour la rentrée parlementaire, Boris Johnson a exhorté mardi la Chambre des communes à rejeter l'initiative des parlementaires qui tentent d'éviter un Brexit sans accord le 31 octobre prochain, dont certains frondeurs de son propre camp. Selon lui, le succès de leur démarche "détruirait" toute chance de parvenir à un nouvel accord avec les Européens.
S'exprimant devant les députés, le Premier ministre britannique a affirmé qu'une "véritable dynamique" s'était enclenchée depuis le récent sommet du G7, lors de ses discussions avec les représentants de l'UE. Il a également ajouté qu'il était confiant dans la possibilité de conclure un nouvel accord sur le Brexit lors du conseil européen des 17 et 18 octobre prochain.
Car les conservateurs "rebelles" devraient soutenir l’opposition pour tenter de forcer la main sur le Premier ministre et éviter que le Royaume-Uni ne sorte sans accord de l'UE. Quitte à imposer un nouveau report du Brexit. Cela en dépit de la menace de Boris Johnson de convoquer des élections législatives anticipées à la mi-octobre en cas de défaite à Westminster.
Les parlementaires hostiles à un "no deal" ont d'ailleurs soumis le même jour une motion réclamant un débat en urgence sur le retrait de l'UE. Ce premier vote sur le calendrier devait avoir lieu le même jour à la Chambre des communes.
En cas d'issue est négative pour le gouvernement, le Premier ministre devrait présenter dans la foulée une motion pour organiser des élections législatives le 14 octobre, a prévenu un responsable gouvernemental. "Le Premier ministre ne veut pas d'une élection mais cela dépendra du choix des députés lors du vote demain", a mis en garde, lundi, ce responsable sous couvert d'anonymat.
Cette motion sera adoptée si elle recueille deux tiers des voix. La date du 14 octobre "permettra à un nouveau Premier ministre d'être en poste avant le sommet européen" de la mi-octobre à Bruxelles, a précisé la même source.
Tories "rebelles" menacés d’exclusion
Boris Johnson a prévenu : il ne "[veut] pas d’une élection" et ne demandera un report du Brexit à Bruxelles "sous aucune circonstance". Le chef du gouvernement envisage plutôt une sortie de l'Union européenne sans accord s'il ne parvient pas à trouver un compromis avec Bruxelles d'ici le 31 octobre, date prévue du divorce. Là-dessus, Boris Johnson se dit intraitable. "Nous partons le 31 octobre. Il n'y a pas de 'mais'" a-t-il écrit lundi soir dans un tweet.
To show our friends in Brussels that we're united in our purpose, MPs should vote with the govt against Corbyn’s pointless delay.
I want everybody to know, there are no circumstances in which I will ask Brussels to delay. We are leaving on 31 Oct, no ifs or buts. ????????
Durcissant le ton avant cette rentrée parlementaire qui s'annonce agitée, le Premier ministre a menacé lundi d'exclusion du parti les Tories "rebelles", qui voudraient voter avec l'opposition, alors qu'il ne dispose que d'une voix de majorité absolue à la Chambre basse du Parlement.
La semaine dernière, il avait décidé de suspendre pendant cinq semaines le Parlement, jusqu'au 14 octobre, déclenchant la fureur de nombreux députés qui y voyaient une manœuvre pour les "bâillonner".
"Le Premier ministre semble faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener à une élection, tout en affirmant que c'est la dernière chose qu'il souhaite", critique une source proche du groupe de conservateurs "rebelles".
Le principal intéressé assure de son côté qu'il souhaite simplement montrer un front "uni" à Bruxelles pour ne pas affaiblir Londres dans sa tentative de renégocier l'accord conclu entre l'ex-cheffe du gouvernement, Theresa May, et Bruxelles. Les "chances" d'un accord avec l'UE "ont augmenté" ces dernières semaines, a-t-il estimé.
Campagne pour un nouveau référendum
D'après la BBC, pour que les députés anti "no deal" repoussent le divorce avec l'UE au 31 janvier, ils doivent d'abord récupérer la main sur l'agenda parlementaire, contrôlé par le gouvernement.
Grâce à une règle intitulée "Standing Order 24" (So24), ceux-ci pourraient demander un débat parlementaire d'urgence. Le président de la Chambre des communes, John Bercow, qui voit dans la suspension du Parlement un "scandale constitutionnel", devrait y être favorable.
Jeremy Corbyn, chef du Labour, principale formation d'opposition, garde toutes les options ouvertes dans cette bataille tactique législative, y compris une motion de censure contre le gouvernement. Ce dernier soutient l'organisation d'élections législatives "pour que les gens décident de leur avenir". Les travaillistes feraient alors campagne pour un nouveau référendum sur l'appartenance à l'UE.
Des manifestations en faveur d'élections anticipées sont aussi prévues mardi devant le Parlement.
Plusieurs actions intentées
La bataille est aussi juridique. Le gouvernement de Boris Johnson doit répondre à plusieurs initiatives visant à empêcher la suspension du Parlement.
Mardi, la plus haute instance civile d'Écosse doit examiner sur le fond une demande de contrer la suspension du Parlement, formulée par près de 75 parlementaires pro-européens. Ceux-ci avaient déjà tenté la semaine dernière de contrer la suspension, mais leur recours en urgence avait été rejeté.
La Haute Cour d'Irlande du Nord, elle, examinera de son côté un autre recours, introduit en urgence au nom d'un militant des droits de l'Homme nord-irlandais, Raymond McCord.
À Londres, jeudi, une audience portera sur une action intentée par la femme d'affaires et militante anti-Brexit Gina Miller et soutenue par l'ancien Premier ministre conservateur John Major.
Gina Miller avait déjà gagné en 2017 une bataille judiciaire pour forcer le gouvernement, alors dirigé par Theresa May, à consulter le Parlement sur le processus de retrait.
Avec AFP et Reuters