Scènes de chaos à Hong Kong avec des affrontements entre policiers et manifestants qui ont bravé les interdictions pour envahir les rues du centre. Dimanche, les manifestants ont annoncé vouloir bloquer les accès à l'aéroport international.
La tension ne redescend pas à Hong Kong. Au lendemain d'une marche qui a donné lieu à de nouveaux heurts entre contestataires et forces de
l'ordre, des militants prodémocratie ont indiqué qu'ils comptaient perturber dimanche 1er septembre les transports en direction de l'aéroport international du territoire semi-autonome.
La veille, les contestataires hongkongais ont bravé l'interdiction de manifester et sont descendus dans les rues de l'ex-colonie britannique. La principale manifestation antigouvernementale à Hong Kong a été interdite par les autorités locales, au cinquième anniversaire de la décision par Pékin d'y limiter les réformes démocratiques.
La police hongkongaise a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage des canons à eau pour réprimer les manifestants. De leur côté, les contestataires ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre, allumé des feux et tenté de mettre à terre les barrières disposées devant le siège du gouvernement.
La tension est montée en fin d'après-midi, quand un petit groupe de radicaux a attaqué avec des pierres et des cocktail Molotov des policiers disposés autour du complexe abritant les institutions hongkongaises et notamment le Conseil législatif (LegCo), le "Parlement" local qui avait été mis à sac le 1er juillet.
Ils ont brièvement réussi à enfoncer les barrières protégeant le LegCo, avant d'être promptement repoussés par les forces de l'ordre à grand renfort de lacrymogènes, avec l'intervention des canons projetant notamment un liquide bleu.
Des médias locaux rapportent que ce colorant doit permettre d'identifier ensuite les suspects.
Arrestations
"Les manifestations pacifistes ne fonctionnent pas", a dénoncé Stone, une manifestante de 22 ans. "Les radicaux doivent faire parler la colère pour obtenir quelque chose."
Les manifestants se sont ensuite déplacés vers l'Est, incendiant une énorme barricade constituée de sièges arrachés des gradins d'un terrain de sport, près du quartier général de la police, dans le secteur de Wanchai (centre). Les flammes ont été éteintes au bout d'une demi-heure.
"Des manifestants radicaux ont lancé des bombes incendiaires et corrosives" contre les policiers, a dénoncé la police dans un communiqué, parlant de "menace grave" pour les personnes alentour.
La police, dont certains agents en civil s'étaient mêlés aux manifestants, a procédé à de nombreuses arrestations alors que se poursuivaient les affrontements. Joshua Wong, figure du Mouvement des parapluies qui avait paralysé l'ancienne colonie britannique en 2014, a ainsi été interpellé.
C'est en citant les échauffourées de dimanche dernier, parmi les plus graves depuis le début de la contestation en juin, que la police avait justifié la décision d'interdire la manifestation prévue samedi. Les autorités ont cependant averti la population contre le risque de "graves perturbations".
Né en avril du rejet d'un projet de loi qui aurait permis l'extradition de suspects vers la Chine continentale, le mouvement de contestation s'est élargi à des revendications plus larges, dont la protection des libertés et de l'autonomie dont jouit l'ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
La formule "un pays, deux systèmes" menacée
Nombre de Hongkongais estiment que ce régime particulier, résumé par la formule "un pays, deux systèmes", est aujourd'hui menacé par l'emprise croissante qu'exerce le gouvernement central chinois.
La contestation, qui pèse aussi sur l'activité économique du territoire, constitue un défi sans précédent pour le président chinois Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir, en 2012.
Pékin, qui accuse d'ingérence certaines puissances étrangères - en premier lieu les États-Unis - soupçonnées d'être instigatrices du mouvement de contestation, a prévenu qu'il pourrait intervenir pour mettre fin à la crise à Hong Kong si cela était nécessaire.
Avec Reuters et AFP