Le célèbre chanteur d'opéra Placido Domingo, accusé de harcèlement sexuel par neuf femmes dans la presse américaine, a assuré mardi avoir toujours cru que ses interactions avec elles étaient "bienvenues et consenties".
Le chanteur d'opéra Placido Domingo a dû se défendre, mardi 13 août, d'une série d'accusations de harcèlement sexuel, poussant l'opéra de Los Angeles à ouvrir une enquête. L'orchestre de Philadelphie a, quant à lui, annulé une représentation.
Dans une enquête publiée mardi par l'agence Associated Press, neuf femmes – huit chanteuses et une danseuse, une seule ayant bien voulu que son nom soit publié, les autres restant anonymes – affirment avoir été sexuellement harcelées par le légendaire chanteur espagnol, considéré comme la plus grande star vivante du lyrique.
Sur une période de trois décennies
Les neuf femmes accusent Placido Domingo de les avoir harcelées sur une période de trois décennies, à compter de la fin des années 1980. L'une affirme qu'il a mis la main sous sa robe, trois autres qu'il leur a imposé des baisers. Elles évoquent aussi des gestes déplacés, telle une main sur le genou lors d'un déjeuner.
Sept des neuf femmes ont indiqué que leur carrière avait pris un coup, après qu'elles eurent rejeté ses avances, et qu'elles n'avaient plus jamais pu retravailler avec lui. Elles étaient toutes jeunes et en début de carrière à l'époque des faits reprochés, selon l'agence de presse américaine.
Une demi-douzaine d'autres femmes ont parlé d'avances qui les avaient mises mal à l'aise. Et une quarantaine d'autres femmes interrogées par l'agence ont indiqué avoir assisté à des comportements déplacés de la star.
"Allégations inexactes"
"Les allégations de ces individus anonymes qui remontent parfois à trente ans sont profondément troublantes et, telles que présentées, inexactes", a réagi Placido Domingo, 78 ans, qui est notamment directeur général de l'opéra de Los Angeles, dans un communiqué transmis par son agent.
"Il est cependant douloureux d'entendre que j'aie pu troubler quiconque ou les mettre mal à l'aise - même si c'était il y a très longtemps et en dépit de mes intentions", a poursuivi le chanteur, marié de longue date.
"Je croyais que toutes mes interactions et relations étaient toujours bienvenues et consenties. Les gens qui me connaissent ou qui ont travaillé avec moi savent que je ne suis pas quelqu'un qui intentionnellement heurterait, offenserait ou placerait quelqu'un dans l'embarras".
Le ténor devenu baryton, qui a enregistré plus de 100 albums et s'est produit plus de 4 000 fois, a aussi fait valoir que "les règles et les normes auxquelles nous sommes - et devons être - tenus aujourd'hui sont très différentes de ce qu'elles étaient par le passé".
Les réactions ne se sont pas fait attendre aux États-Unis, où le mouvement #MeToo a déjà fait tomber de nombreux hommes de pouvoir, y compris le puissant directeur musical du Metropolitan Opera, James Levine.
Philadelphie retire son invitation
L'orchestre de Los Angeles a annoncé qu'il allait "engager un avocat pour enquêter sur les inquiétantes allégations" contre sa vedette. "Placido Domingo est une force créatrice dynamique dans la vie de l'opéra de Los Angeles et la culture artistique de Los Angeles depuis plus de trente ans. Mais nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour favoriser un environnement professionnel où tous nos employés et artistes se sentent également à l'aise, valorisés et respectés", a ajouté la porte-parole de l'institution dans un communiqué.
L'orchestre de Philadelphie, où Placido Domingo devait se produire pour l'ouverture de la saison le 18 septembre, a aussi annoncé avoir retiré son invitation, invoquant la nécessité de garantir "un environnement respectueux" pour l'orchestre, son personnel et son public.
Le Met de New York, où Placido Domingo devait se produire dans les prochains mois, a indiqué qu'il allait "attendre les résultats de l'enquête" de Los Angeles avant de "prendre des décisions définitives sur le futur de M. Domingo au Met".
Avec AFP