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Christophe Castaner décore des policiers soupçonnés de violences

Le ministre français de l'Intérieur a prévu de remettre la médaille de la sécurité intérieure a plus de 9 000 policiers dont certains font l’objet d’une enquête pour violences, notamment envers des Gilets jaunes, révélait, mercredi, Mediapart.

On les appelle déjà les "médailles de la honte". Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a distingué plus de 9 000 membres des forces de sécurité. Problème, au moins cinq   agents prochainement récompensés sont "impliqués dans des enquêtes concernant des violences policières".

Dans un article publié mercredi soir, le site Mediapart a révélé que ces agents ont été distingués de la médaille de la sécurité intérieure pour leur engagement dans des opérations d'ordre public, principalement dans le cadre de la mobilisation des Gilets jaunes débutée le 17 novembre 2018.

"Des médailles de la honte"

Parmi les futurs médaillés figurent deux commissaires mis en cause dans l'enquête sur les violences subies par Geneviève Legay, une manifestante de 73   ans blessée à Nice, en mars, lors d'une charge de police contre un rassemblement interdit de Gilets jaunes.

Deux officiers, dont les noms figurent dans les enquêtes sur le passage à tabac de Gilets jaunes dans un fast-food à Paris, et dans le décès d'une octogénaire à Marseille, Zineb Redouane, sont également distingués par la médaille de bronze de la sécurité intérieure.

Mediapart, qui fustige des "médailles de la honte", inclut dans sa sélection le commissaire divisionnaire qui encadrait la charge policière très controversée survenue près des bords de Loire, la nuit de la fête de la musique à Nantes, le 21   juin. Un jeune homme, Steve Maia Caniço, qui participait au rassemblement festif, a disparu. Ses proches sont convaincus qu'il est tombé dans le fleuve en raison de la charge des policiers.

Le ministère de l'Intérieur a confirmé dans un communiqué que 9   162   noms ont été retenus dans le cadre d'une "promotion exceptionnelle" de la médaille de la sécurité intérieure, intitulée "Engagement exceptionnel des forces de sécurité intérieure 2018-2019". "Si des décorations ont été attribuées à tort, elles seront retirées", a assuré à l'AFP l'entourage du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

"Le cynisme est partout"

Selon les textes, un comité de la médaille de la sécurité intérieure est censé "examiner les propositions d'attribution et de retrait de la médaille au ministre de l'Intérieur".

Dans son communiqué la place Beauvau a rappelé que "les enquêtes disciplinaires ou judiciaires s'effectuent de manière indépendante, à charge et à décharge, et il n'appartient pas à des tiers de désigner nommément des personnels pour des faits qui ne sont pas définitivement établis".

"Le cynisme est partout dans cette promotion Gilets jaunes", a réagi Attac, association où milite Mme Legay, sur Twitter.

Dans un tract diffusé mercredi, le syndicat policier Unsa-Police s'était déjà offusqué de la décoration d'un large spectre de personnels au-delà des seuls policiers engagés sur le terrain et blessés pendant la mobilisation des Gilets jaunes. "Honte à ceux qui n'ont participé à rien et vont être décorés", avait critiqué le syndicat. 

Autre motif d’exaspération, parmi les 9   162   policiers inscrits, peu de noms de personnes ayant participé aux opérations sur le terrain. La majorité des personnes récompensées sont des commissaires, des sous-directeurs, des sous-préfets ou des préfets. Sur les 205   gendarmes de la compagnie de sécurité et d'intervention de Paris mobilisés chaque semaine, seulement 11 d’entre eux ont reçu la médaille, dont un policier qui a été blessé.

La liste du ministère de l’Intérieur prévoit également une récompense pour le commissaire divisionnaire à Nantes, Grégoire Chassaing, qui a donné l'ordre de gazer des jeunes lors de la Fête de la musique, jour de la disparition de Steve.

Avec AFP