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La justice italienne a reconnu vendredi une erreur d'identité dans l'affaire d'un Érythréen accusé d'avoir dirigé un vaste réseau de trafiquants de migrants. L'homme affirmait depuis son arrestation en 2016 qu'il n'était pas la personne recherchée.

La cour d'assise de Palerme a reconnu vendredi 12 juillet une erreur d'identité dans l'affaire d'un Érythréen accusé d'avoir dirigé un vaste réseau de trafiquants de migrants, un nouveau coup dur pour les enquêteurs qui peinent à frapper ces réseaux à la tête. Celui qui avait été pris pour Medhanie Yehdego Mered par les autorités n'est pas le "boss" des passeurs recherché par la justice italienne.

La cour a ordonné la libération immédiate de l'homme jugé, tout en assortissant sa décision d'une condamnation pour aide à l'immigration clandestine, une peine couverte par sa détention préventive.

Présente dans la salle d'audience-bunker prévue pour les procès de mafieux, une sœur de l'accusé a éclaté en sanglots à l'énoncé du verdict, tandis que des membres de la communauté érythréenne poussaient des cris de joie et que l'accusé, qui a appris en prison la gestuelle italienne mais pas la langue, remerciait chaleureusement son interprète.

L'homme est ensuite sorti du tribunal à bord d'une fourgonnette de la police en direction de la prison, où il devait récupérer ses affaires puis recouvrer la liberté. "Je crois qu'ils ont trouvé une solution à la Salomon", a déclaré à la presse son avocat, Michele Calantropo, qualifiant la reconnaissance de l'erreur d'identité de "grand succès" pour la défense.

Redoutant que son client soit expulsé dans la foulée de sa libération, il a affirmé avoir immédiatement déposé en son nom une demande d'asile.

En juin 2016, les autorités italiennes avaient fièrement annoncé l'arrestation au Soudan et l'extradition en Italie de Medhanie Yehdego Mered, après des années d'enquête sur ces réseaux qui ont envoyé des centaines de milliers de migrants en Europe, et des milliers à la mort.

Arrêté pour avoir flirté avec la femme du vrai "boss" des passeurs

Le chef de réseau Mered était soupçonné en particulier d'avoir affrété le bateau dont le naufrage avait fait plus de 366 morts le 3 octobre 2013 devant l'île de Lampedusa. Mais, très vite, les témoignages avaient afflué pour dire que l'homme arrêté n'était pas Mered mais Medhanie Tesfamariam Berhe, un réfugié érythréen échoué à Khartoum et n'ayant en commun avec l'homme recherché qu'un prénom relativement courant en Érythrée.

Plusieurs enquêtes menées par des journalistes italien, américain et suédois ont établi que Behre avait été repéré au printemps 2016 par les enquêteurs parce qu'il avait flirté avec la femme de Mered sur Facebook et appelé un passeur en Libye pour avoir des nouvelles d'un cousin parti pour l'Europe.

À cette époque, les enquêteurs avaient perdu la trace de Mered, arrêté fin 2015 à Dubaï pour détention de faux passeport. Libéré huit mois plus tard, il vit désormais en Ouganda, selon ces journalistes.

Avec AFP