
Le Hezbollah, qui n'approuve pas la composition du futur gouvernement libanais présenté par le Premier ministre Saad Hariri, critique l'initiative qu'il a prise, lundi, d'en transmettre la liste au président Michel Sleimane pour qu'il l'approuve.
AFP - Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a vivement critiqué le Premier ministre désigné Saad Hariri pour avoir présenté lundi la liste du futur gouvernement malgré les réserves de son camp, estimant que sa manière de procéder "compliquait" davantage la situation dans le pays.
M. Hariri, qui mène la majorité parlementaire soutenue par l'Occident, a transmis la liste des ministres au président Michel Sleimane pour approbation, malgré les réticences de la minorité menée par le Hezbollah et appuyée par la Syrie et l'Iran.
"Je ne crois pas que cette manière de faire les choses aujourd'hui fera sortir le Liban de la crise de formation du gouvernement. Elle va rendre ce problème plus compliqué", a affirmé dans un discours télévisé lundi soir le chef du mouvement chiite.
La minorité "fera face à cette mesure inadéquate en toute solidarité", a-t-il assuré, sans plus de précision.
Bien que les deux camps soient d'accord sur la formule de répartition des portefeuilles (15 ministres pour la majorité, 10 pour la minorité et cinq ministres "neutres" choisis par le président de la République), leurs consultations bloquent sur les noms de certains ministres et la nature des portefeuilles accordés à la minorité.
La majorité accuse l'un des alliés du Hezbollah, le chrétien Michel Aoun, qui est à la tête du deuxième groupe parlementaire, d'entraver la formation du gouvernement en voulant, entre autres, maintenir son gendre Gebrane Bassil à la tête du ministère des Télécommunications, accusations rejetées par M. Aoun.
Des responsables du mouvement de M. Aoun ont d'ailleurs prévenu que la minorité n'allait pas accepter un gouvernement "imposé" par M. Hariri.
"Nous n'accepterons pas un gouvernement de facto. (M. Hariri) doit tenir compte de nos demandes", a affirmé lundi à l'AFP Simon abi Ramia, député du Courant patriotique libre.
Le blocage sur la question du gouvernement rappelle la crise entre les deux camps qui avait paralysé le Liban pendant un an et demi, et débouché en mai 2008 sur des combats meurtiers sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), avant la signature d'un accord interlibanais à Doha.