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Quel risque le Brexit fait-il courir à l'environnement ?

En Europe, l'air que nous respirons, l'eau que nous buvons, la viande ou le poisson que nous mangeons... tout cela est contrôlé loin de chez nous, à Bruxelles. Mais aujourd'hui, un de ces pays se trouve fort dépourvu : le Royaume-Uni, qui a décidé de quitter l'Union européenne.

Environ 80 % des règles environnementales appliquées en Grande-Bretagne dérivent de lois européennes.

En plus de 40 ans, l'UE a joué un rôle majeur pour la protection de l'environnement dans ses pays-membres. Le grand nettoyage des rivières ? L'amélioration de la qualité de l'air ? Merci Bruxelles.

Pour Martin Nesbit, de l'Institute for European environmental policy, "le rôle de l'Europe a été de faire avancer le Royaume-Uni plus vite que s'il avait été en dehors de l'Europe. L'opinion publique britannique est vraiment favorable aux progrès environnementaux, plus d'ailleurs que dans d'autres pays de l'Union. Mais ce soutien a eu besoin de la législation européennne pour être transformé en réalité."

Alors quel risque le Brexit fait-il peser sur l'environnement ?

Toutu d'abord, Londres doit transposer les règles européennes dans son propre système, comme par exemple le "principe de précaution", qui protège les citoyens en cas de doute sur la dangerosité d'un produit, ou encore celui du pollueur payeur. Le pays a donc aujourd'hui une grande page blanche devant lui.

Les écologistes pas rassurés

Mais pour rassurer les écolos, le gouvernement a promis un "Brexit vert". Theresa May, Premier ministre sortante l'affirme : "Le Brexit ne signifiera pas l'affaiblissement de nos standards environnementaux".

Pour autant, les écologistes ne sont pas rassurés. Ils scrutent le brouillon d'un texte capital : l'Environment bill, censé transformer des dizaines de milliers de pages de lois européennes en lois britanniques. Mais qui va contrôler ? Qui va sanctionner ? En matière d'environnement, c'est aujourd'hui le travail de l'Europe d'assurer la transparence, le contrôle et de faire en sorte que les pays fassent bien ce qu'ils disent. Londres a d'ailleurs déjà été rappelé à l'ordre à deux reprises pour non respect des normes de qualité de l'air.

Ce serait à l'avenir le rôle du Bureau de protection de l'environnement. Mais son statut pose question. "L'organisme de surveillance que le gouvernement va mettre en place après le Brexit ne serait pas indépendant", alerte Kierra Box, de l'ONG Les Amis de la Terre Angleterre, "il n'aurait pas de moyens a la hauteur de sa tâche, et il n'aurait en aucune manière le pouvoir de traîner le gouvernement devant les tribunaux et de délivrer des amendes". Son de cloche confirmé par des députés britanniques de plusieurs bords dans un rapport d'avril 2019 : les propositions actuelles dégradent sévèrement les principes environnementaux garantis par Bruxelles.

Les députés tancés par Greta Thunberg

Le Royaume-Uni est en tous cas jusqu'à maintenant sur la bonne voie. Autrefois, "the dirty man of Europe", "l'homme sale de l'Europe", le pays a réduit ses émissions de CO2 de 38 % entre 1990 et aujourd'hui, plus vite qu'aucun autre pays industrialisé. Son empreinte carbone est au plus bas depuis 20 ans. Des résultats acquis en réduisant sa consommation d'électricité, en abandonnant quasiment le charbon, et en passant à des énergies plus vertes.

Mais on est encore loin du compte. La jeune militante suédoise Greta Thunberg est venue pointer du doigt les contradictions britanniques devant le Parlement de Londres. Du haut de ses 16 ans, elle a sévèrement tancé les députés : "Le soutien actuel et actif à l'exploitation de nouvelles sources d'énergies fossiles – par exemple l'industrie britannique de gaz de schiste, l'expansion des aéroports et la future autorisation d'une nouvelle mine de charbon –, tout cela est plus qu'absurde".

Le problème est que le gouvernement conservateur a fort à faire avec ce Brexit et que l'environnement n'est pas sa priorité. Londres a besoin de temps. Et si le Royaume-Uni sort de l'Europe sur un "no deal", plus aucune règle environnementale européenne ne s'appliquerait dans le pays du jour au lendemain. Un scénario catastrophe que le pays éviterait avec un accord.

Londres aurait alors jusqu'a la fin de l'année 2020 pour endosser le costume de protecteur du climat à la place des autorités européennes. Mais qu'ils aient voté pour ou contre le Brexit, les Britanniques s'accordent aujourd'hui sur un point : la protection de l'environnement ne doit pas être victime du Brexit et rester une priorité du XXIe siècle, avec ou sans l'Union Européenne.