A la Une de la presse, ce mardi 4 juin, le trentième anniversaire de la répression des manifestants de la place Tien An Men, le 4 juin 1989. La violente dispersion, hier, du sit-in de l’opposition devant le quartier général de l’armée soudanaise. Et la visite haute en couleurs de Donald Trump au Royaume-Uni.
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A la Une de la presse, la dispersion violente, hier, par les militaires soudanais, des manifestants rassemblés devant le quartier général de l’armée, à Khartoum.
«La répression des manifestants a fait au moins 35 morts», annonce Sudan Tribune, en citant le chiffre avancé par le Comité central des médecins du Soudan. D’après le site, l’Association des professionnels soudanais, qui rassemble les opposants au régime de l’ex-président Omar El-Béchir, s’attendait à cette attaque – dont un nombre indéterminé de victimes aurait été enlevées par les miliciens des forces d’intervention rapide, avant d’être jetées dans le Nil, toujours selon l’opposition. Le site britannique Middle East Eye évoque, lui, une attaque éclair contre les manifestants – qui demandent toujours au Conseil militaire de transition, établi depuis le coup d’Etat du 11 avril, de transférer le pouvoir aux civils. «Assaut meurtrier des forces du régime contre les manifestants à Khartoum», titre L’Orient Le Jour. D’après le quotidien libanais, le campement où convergeaient les manifestants depuis décembre dernier, a été totalement démantelé. Le quotidien panarabe de Londres Al Araby Al Jadeed dénonce «un crime pour tuer la démocratie», commis avec l’appui des parrains régionaux du pouvoir: les Emirats arabes unis, l’Egypte et l’Arabie saoudite.
Cette répression-là s’est déroulée il y a 30 ans, en Chine. Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, le régime écrasait dans le sang le mouvement démocratique de la place Tiananmen. Trente ans après, The Global Times parle d’un «incident» qui aurait «vacciné», «immunisé» la société chinoise «contre toute forme de trouble politique futur» - un événement que les autorités auraient sciemment mis de côté «pour aider le pays à laisser cette ombre derrière lui, éviter les querelles et aider tous les Chinois à se tourner vers l’avenir». «Les discussions des Occidentaux sur ce qui s’est passé ne signifient pas qu’ils se préoccupent sincèrement des droits de l’Homme, mais constituent surtout un instrument diplomatique pour défier la Chine», soutient le quotidien officiel.
Qualifiée d’«incident» par les autorités chinoises, la répression des manifestations de Tiananmen a été effacée de nationale. Mais tous les Chinois n’ont pas oublié. La correspondante du Guardian à Pékin rapporte que d’anciens participants au mouvement comme Chen Wei, qui avait manifesté lorsqu’elle était étudiante à Guangzhou, dans le sud du pays, commémorent depuis, chaque année, l’anniversaire de la répression en faisant une grève de la faim de 24h - une journée remplie à la fois de tristesse et de culpabilité, selon Chen, qui dit penser à ses camarades disparus «pour promouvoir la démocratie en Chine», et exprime son désarroi: «C’est comme si ce qui s’était passé ces 20 ou 30 années (était) insignifiant», «nous n’avons pas permis à leurs âmes de reposer en paix, nous avons échoué à leur rendre justice», regrette-t-elle. «La Chine continue à nierTiananmen, mais nous ne laisserons pas le monde l’oublier», écrit, toujours dans le quotidien britannique, l’auteure d’un livre sur les exilés de la répression, Rowena Xiaoqing He. Selon elle, «l’héritage de Tiananmen n’appartient pas seulement à la Chine ou au Chinois, mais il appartient au monde entier. La recherche de la liberté, de la vérité et de la justice est sans frontières, rappelle-t-elle. La répression militaire du 4 juin a violé le cœur-même de notre humanité partagée».
La presse française, elle non plus, n’a pas oublié. «Trente ans de silence»: La Croix note que Deng Xiaoping, l’homme qui avait fait le choix, à l’époque, d’une extrême fermeté face aux revendications étudiantes, était aussi «celui qui avait donné le coup d’envoi, 10 ans plus tôt, de la libéralisation de l’économie chinoise» - une «dichotomie entre liberté économique et liberté politique» qui semble jouir, 30 ans plus tard, du «consentement apparent de la population». «Le moment viendra-t-il où les citoyens de Chine exigeront une liberté plus étendue? On peut l’imaginer, mais pas le dater», d’après La Croix. «Trente ans après la tragédie de Tiananmen, la poigne du régime ne s’est pas desserrée». Le Figaro a choisi pour sa Une une image qui a fait le tour du monde en 1989, la photo de Jeff Widener, pour Associated Press, d’un manifestant inconnu, aussi appelée «l’homme au char». Le journal cite la prédiction de François Mitterrand, à l’époque: «un pouvoir qui tire sur sa jeunesse n’a pas d’avenir». «Trente ans après, le régime est toujours là», constate le journal.
Pas question de se quitter sans jeter un cil aux tabloïds britanniques, qui se délectent de la visite, en ce moment-même, de Donald Trump au Royaume-Uni. Hier, le président a été reçu dans le saint des saints, Buckingham Palace, par Elizabeth II en personne. Le président américain et la reine auraient trinqué ensemble à la fin des «entraves» européennes, à en croire The Daily Express, qui fait état de la promesse de Donald Trump de conclure tout un tas de «grands accords commerciaux» avec le Royaume-Uni, une fois le Brexit mis en œuvre. Plus subtil encore, The Daily Mail reprend les termes du patron de la Maison-Blanche, et présente «les gagnants», entendez Donald Trump et la reine et les «perdants purs et simples», de cette visite en grande pompe. Les perdants étant, selon Trump, le maire de Londres Sadiq Khan et le patron des travaillistes, Jeremy Corbyn, qui ont tous deux choisi de boycotter la visite de Sa Gracieuse Majesté… pardon, du président des Etats-Unis.
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