Alors que les Kazakhs sont appelés aux urnes dimanche 9 juin pour élire leur nouveau président, suite à la démission surprise de Noursoultan Nazarbaïev après trois décennies au pouvoir, notre reporter Elena Volochine s'est rendue dans ce pays d'Asie centrale en plein changement.
Le Kazakhstan sans Noursoultan Nazarbaïev ? Impensable jusqu'il y a peu, tant le dirigeant kazakhe semblait incontournable dans la vie politique du pays. Pur produit de l'appareil d'État soviétique, cet ancien apparatchik arrivé au pouvoir au lendemain de la chute de l'URSS a été, depuis 1991, élu à cinq reprises avec une large majorité dans des scrutins dénoncés comme frauduleux par la communauté internationale.
Ce fût donc en apparence une surprise lorsque, le 19 mars dernier, Noursoultan Nazarbaïev a annoncé sa démission dans une allocution télévisée, sans en préciser les causes. À 78 ans, les analystes estiment que Nazarbaïev souhaitait peut-être profiter de ses vieux jours et ne pas "mourir président" comme son voisin ouzbèque, l'autoritaire Islam Karimov, décédé en 2016.
Culte de la personnalité
En réalité, depuis quelques temps déjà, Nazarbaïev semblait préparer sa retraite. En 2010, une loi a inscrit le titre de "Premier président" dans la Constitution, lui octroyant à vie une immunité, le secret bancaire et plusieurs juteux privilèges. D'autres dispositions lui garantissent d'être consulté sur toutes les décisions politiques importantes. Symbole de cette influence préservée, la première mesure de son successeur désigné et président par intérim Kassym-Jomart Tokaïev a été de rebaptiser Astana, la capitale futuriste du pays, "Nur-Sultan", du prénom du président démissionnaire.
En Asie centrale, Nazarbaïev, surnommé "Elbassy" - le Leader de la Nation -, n'en fût pas moins un dirigeant hors norme pendant ses presque trente années passées au pouvoir, alliant régime autoritaire et politique d'ouverture. S’il a décidé de quitter officiellement le pourvoir, les voix dissidentes continuent à être tues et le culte de sa personnalité, lui, reste bien omniprésent dans le pays.