Le nouveau chef du gouvernement socialiste espagnol Pedro Sanchez est sorti renforcé, dimanche, des élections européennes en Espagne. Il va tenter de profiter de ce résultat pour avoir plus de poids à Bruxelles.
Épargnée par la poussée eurosceptique, l'Espagne est le seul grand pays où les socialistes sont arrivés en tête des élections européennes, dimanche 26 mai. Avec plus de 32 % des voix, selon des résultats quasi-définitifs et 20 sièges sur 54, le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sanchez devance largement le Parti populaire (conservateur, environ 20 %).
L'extrême droite de Vox (environ 6 %) rentrera au Parlement européen avec trois sièges, mais a nettement perdu du terrain par rapport aux 10 % enregistrés fin avril lors de son entrée en force au Parlement espagnol.
"Pedro Sanchez avait gagné les élections générales le 28 avril dernier mais n'avait pas obtenu la majorité absolue et donc cherchait à être conforté", analyse Mélina Huet, correspondante de France 24 à Madrid, qui note une "grande participation" lors de ce scrutin.
"Nous allons être la première délégation sociale-démocrate (au Parlement européen) et c'est une fierté pour nous" mais aussi "une énorme responsabilité", s'est félicité Pedro Sanchez, tout sourire.
Renforcé, celui qui "se voulait être le leader de la social-démocratie en Europe", selon Mélina Huet, va tenter de profiter de ce large succès pour avancer ses pions sur la scène européenne. Madrid pousse notamment la candidature, au poste de chef de la diplomatie de l'UE, du ministre des Affaires étrangères et tête de liste PSOE aux européennes, Josep Borrell.
Des indépendantistes élus au Parlement européen
Le scrutin européen – organisé de façon concomitante avec les élections régionales et municipales – a aussi vu les indépendantistes catalans Carles Puigdemont et Oriol Junqueras être élus au Parlement européen. Principales figures de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, Carles Puigdemont a fui en Belgique pour échapper aux poursuites de la justice tandis qu’Oriol Junqueras est en détention provisoire en Espagne et jugé avec 11 autres séparatistes.
Sur le plan national, les socialistes sont arrivés en tête dans la plupart des régions en jeu mais ils ne sont finalement pas parvenus à faire basculer à gauche celle de Madrid, gouvernée par le droite depuis 24 ans.
Grâce à l'appui de l'extrême droite, la droite va pouvoir par ailleurs reconquérir la mairie de la capitale qui avait été prise par l'ancienne juge de gauche Manuela Carmena en 2015, soutenue par Podemos.
Revers pour Manuel Valls à Barcelone
À Barcelone, c'est en revanche un indépendantiste catalan, Ernest Maragall, qui a remporté le scrutin pour la première fois dans l'histoire récente, devant la maire sortante de gauche radicale Ada Colau. L'ancien Premier ministre français Manuel Valls, soutenu par les libéraux de Ciudadanos, a essuyé un revers en arrivant quatrième.
Fort de ces résultats européens et nationaux, Pedro Sanchez a revendiqué pour les socialistes la place de "première force politique, de loin" dans le pays. Il pourrait donc être tenté de maintenir son "plan A" de former un exécutif minoritaire 100 % socialiste et de passer des accords au cas par cas avec d'autres forces politiques pour faire voter ses réformes au Parlement. Le vote d'investiture du socialiste à la tête de l'exécutif est prévu a priori début juillet.
Ou accepter l'entrée au sein du gouvernement de Podemos, parti de gauche radicale à nouveau affaibli par la perte des mairies de Madrid et Barcelone, pour gagner en stabilité, même si les deux partis ne disposent pas de la majorité à la Chambre des députés à eux seuls.
Avec AFP