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Aux Philippines, des élections de mi-mandat en forme de référendum pour Duterte

Les Philippins se rendent aux urnes, lundi, pour des élections de mi-mandat. Les résultats devraient consolider le pouvoir du président Rodrigo Duterte et l'aider à mettre en œuvre ses promesses, notamment le retour de la peine de mort.

Lundi 13 mai, les électeurs philippins ont commencé à voter pour des élections de mi-mandat, qui devraient donner les coudées franches au président Rodrigo Duterte pour, potentiellement, mettre en œuvre ses promesses de rétablissement de la peine de mort et de réforme de la constitution.

En tout, 18 000 mandats sont remis en jeu à travers le pays, parmi lesquels plus de 200 maires et gouverneurs et 245 sièges à la chambre basse du Parlement. L'enjeu le plus important du scrutin se trouve dans l'attribution de 12 sièges sur les 24 que compte le Sénat, une chambre jusqu'à présent moins partisane du président Rodrigo Duterte.

Aux Philippines, des élections de mi-mandat en forme de référendum pour Duterte

Vers un retour de la peine de mort

Élu en 2016, ce dernier a été la cible de critiques de la communauté internationale en raison de sa politique violente de lutte contre le trafic de drogue et de tirades parfois ordurières. Le président philippin s'est engagé à rétablir la peine capitale pour les crimes liés au trafic de drogue dans le cadre de sa campagne très dure contre les stupéfiants, au cours de laquelle des milliers de trafiquants et de consommateurs présumés ont péri.

En 2017, les Philippines ont fait un grand pas vers le rétablissement de la peine capitale, abolie en 1987, avec le vote par la Chambre des représentants d'une loi prévoyant cette peine pour ceux qui seraient pris en possession de 500 grammes de marijuana ou 10 grammes de cocaïne, d'héroïne ou d'ecstasy. Mais le texte n'a jamais été validé par le Sénat.

Rodrigo Duterte espère également faire tomber l'âge de la responsabilité pénale de 15 à 12 ans. Malgré tout, il conserve une très forte popularité dans l'archipel, en raison notamment de son franc-parler, une partie des Philippins continuant de le voir comme un recours crédible face à l'inefficacité prêtée aux élites politiques traditionnelles.

Une majorité possible au Sénat

Lundi matin, une foule d'électeurs patientaient à l'extérieur des bureaux de vote avant même leur ouverture. Au total, 61 millions de Philippins sont appelés aux urnes.

"J'ai voté pour nombre de candidats soutenus par le président Duterte parce que son gouvernement fait son travail", a expliqué à l'AFP Myrna Cruz, 51 ans, à la sortie du bureau de vote. "Je soutiens son programme, et notamment la campagne anti-drogue. Mais j'espère que le bain de sang va cesser", a-t-elle ajouté.

Historiquement, les 24 membres du Sénat philippin, qui sont élus pour six ans, se sont toujours montrés plus indépendants d'esprit que leurs collègues de la chambre basse.

Obtenir la majorité au Sénat, ce qui semble possible pour le président à en croire les instituts de sondage, faciliterait indéniablement la tâche législative du président, qui serait libre de faire ce qu'il veut en matière de sécurité et de réforme constitutionnelle.

Insulter les opposants

L'opposition n'a cessé de mettre en garde contre le fait que Rodrigo Duterte pourrait abolir la limite constitutionnelle actuelle, qui est d'un mandat unique de six ans pour le président.  D'après les derniers sondages, un seul candidat de l'opposition paraissait en mesure d'obtenir l'un des sièges à attribuer au Sénat.

À 74 ans, le président philippin n'a pas lésiné sur les efforts pour soutenir ses candidats au Sénat. Il a multiplié les meetings lors desquels il a prononcé des discours de deux heures ponctués d'insultes contre ses opposants, dont un qu'il a traité de "pédé".

Les résultats des élections locales devraient être connus quelques heures après la fermeture des bureaux de vote à 18 h (10 h GMT). Les noms des nouveaux sénateurs et députés seront probablement annoncés en fin de semaine.

Avec AFP et Reuters