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Ali Bongo remporte le scrutin, un leader de l'opposition blessé

Alors qu'Ali Bongo a été déclaré vainqueur avec 41,73 % des voix, l'opposant Pierre Mamboundou a été blessé, à Libreville, lors de la dispersion d'une manifestation. À Port-Gentil, le couvre-feu a été instauré après de violents heurts.

Ali ben Bongo, le fils du défunt président Omar Bongo, a remporté l’élection présidentielle avec 41,73 % des voix, selon des chiffres officiels annoncés cinq jours après le scrutin - un délai qui a entraîné des échauffourées dans la capitale Libreville et à Port-Gentil. "Ce qu’on appelle l’opposition a demandé que le comptage des voix soit fait sept fois de suite", a déclaré sur l'antenne de FRANCE 24 Clémence Mezui, la porte-parole du candidat Bongo. "Ça prend le temps que ça a pris, tout simplement", justifie-t-elle.

L'un des chefs de l'opposition, Pierre Mamboundou, qui est arrivé troisième à l'élection présidentielle, a été gravement blessé, jeudi à Libreville, lors de la dispersion d'une manifestation par les forces de l'ordre. Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur, il a remporté 25,22 % des suffrages lors du scrutin. "Il est sérieusement blessé. Nous ne pouvons vous dire à quel point, mais il est vivant", a déclaré à Reuters Richard Mombo, secrétaire général de l'Union pour le peuple gabonais (UPG), le mouvement de Mamboundou.

Le consulat général de France de Port-Gentil incendié

Dans un discours prononcé peu après l'annonce de sa victoire, Ali ben Bongo, le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG), avait appelé le Gabon à accepter le verdict et a déclaré qu'il serait "le président de tous les Gabonais". Depuis son quartier général de campagne, à Libreville, il s'est engagé à respecter ses promesses, disant vouloir "dans la continuité, apporter des changements nécessaires" à ce pays d'environ 1,5 million d'habitants, qui regorge de pétrole mais aux richesses inégalement réparties.

Si les partisans d'Ali Bongo célèbrent la victoire, dans les camps d’André Mba Obame (25,88 %) et Pierre Mamboundou, qui revendiquaient tout deux la victoire dès dimanche, "c’est la consternation", constate Christophe Boisbouvier, envoyé spécial de RFI à Libreville. "On affirme que les chiffres [publiés] sont le résultat d’une fraude orchestrée depuis 48 heures dans les neuf provinces du pays", poursuit-il.



Quelques minutes après l'annonce des résultats, des magasins ontt été pillés et le consulat général de France a été incendié à Port-Gentil, la capitale économique du pays. La concession Total et la prison de la ville ont elles aussi été incendiées. "Il y a eu quelques éléments qui, semble-t-il, se sont manifestés contre les installations de Total et de Schlumberger, à Port-Gentil, avec a priori deux blessées, une Gabonaise et une Anglaise", a déclaré à l’AFP le secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet.

"Les Gabonais n'acceptent pas ce coup de force"


Un candidat malheureux à la présidentielle gabonaise, Bruno Ben Moubamba, estime que les violences, notamment anti-françaises, vont "s'accentuer". "Les Gabonais n'acceptent pas ce coup de force. Les Gabonais sont chauffés à blanc", estime-t-il. Il avait observé une grève de la faim d'une quinzaine de jours pour demander le report du scrutin.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a assuré jeudi qu'un "dispositif" était "prêt" pour protéger, en cas de nécessité, les 10 000 Français présents au Gabon . "Il ne sera pas touché à un seul cheveu des Français, a affirmé la porte-parole de Bongo sur l'antenne de FRANCE 24. Ils ont le droit de vivre en paix dans ce pays." Alain Joyandet a cependant recommandé aux ressortissants français de "rester chez eux".