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Les Algériens dans la rue pour un 10e vendredi de mobilisation contre "le système"

En Algérie, les manifestations pour ce dixième vendredi de mobilisation ont montré que le mouvement ne s'essoufle pas malgré le limogeage de symboles du régime Bouteflika et des incarcérations dans des affaires de corruption présumée.

Le mouvement populaire contre le régime en place se poursuit en Algérie. Les manifestants n'entendent pas baisser la garde en ce 26 avril malgré les limogeages, les convocations judiciaires et poursuites annoncées contre des caciques du régime et le placement en détention provisoire de riches hommes d'affaires. Des milliers de manifestants affluent à Alger.

Selon l'AFP, l'importante mobilisation – impossible à évaluer précisément en l'absence de chiffres officiels –, constatée également dans d'autres villes du pays, semble montrer que les contestataires restent déterminés à obtenir satisfaction de leurs revendications prioritaires : le départ des figures du régime Bouteflika et la mise en place d'institutions de transition.

Les Algériens dans la rue pour un 10e vendredi de mobilisation contre "le système"

Le carrefour de la Grande Poste, bâtiment emblématique des manifestations à Alger, est bondé et le cortège s'étire sur plusieurs kilomètres le long de divers axes du centre de la capitale, selon des journalistes de l'AFP. Les milliers de manifestants scandent "Système, dégage !" ou "Vous avez pillé le pays, voleurs !".

D'importants embouteillages bloquent les entrées de la capitale, en raison de barrages filtrants dressés par les forces de l'ordre, ont indiqué des manifestants.

Outre la manifestation d'Alger, la télévision nationale montre également des images d'importants cortèges à Oran et Constantine, 2e et 3e villes du pays, et à Sétif (200 km au sud-est d'Alger). La mobilisation est toujours forte à Constantine, a indiqué à l'AFP un journaliste local. Elle a faibli à Annaba, 4e ville du pays, a indiqué un confrère sur place.

Le cortège algérois s'est dispersé calmement en fin de journée, selon des journalistes de l'AFP. L'agence de presse officielle APS, qui a fait état des manifestations dans au moins 36 des 48 régions du pays, n'a recensé aucun incident dans le pays.

"Pas de demi-revolution"

"Pas de demi-révolution", titre en une l'édition week-end du quotidien El Watan, appelant à continuer à manifester jusqu'au départ du "système" dans son entier, tandis que des appels similaires continuent d'être relayés sur les réseaux sociaux.

Édition du 26/04/2019 https://t.co/935xzWdurV pic.twitter.com/Btf16nGsli

  elwatan.com (@elwatancom) 26 avril 2019

Pour ceux qui se font désormais appeler les "vendredeurs" et les vendredeuses", leurs revendications n'ont toujours pas été satisfaites. Ils exigent le départ de l'ensemble des figures de l'appareil hérité d'Abdelaziz Bouteflika. Or, Abdelkader Bensalah, qui a longtemps accompagné l'ancien chef d'État, est toujours président par intérim, et Noureddine Bedoui, toujours Premier ministre d'un "gouvernement de la honte", comme le nomment les manifestants.

Autre signe du mécontentement : les ministres continuent d'être chahutés lors de leurs déplacements en Province, malgré les récentes mises en garde du général Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et de facto homme fort du pays depuis le départ de M. Bouteflika.

#Algérie
Demain,nous allons encore vendredire pour la 10ème fois consécutive : #يتحاسبوا_ڨاع
Tous ensemble,Vendredeuses et vendredeurs,tous unis pour nous libérer de cette عصابة

  Hamza???????? (@JaimeOran31) 25 avril 2019

Les caciques du régime toujours dans le viseur

La semaine aura été marquée par des limogeages, des convocations judiciaires et l'ouverture d'enquêtes anticorruption. Le patron du Club des Pins, luxueuse résidence ultraprotégée réservée aux dignitaires, symbole des privilèges accordés aux personnalités du régime, a été limogé. Ainsi que le PDG de Sonatrach, géant public des hydrocarbures, entreprise au centre de plusieurs scandales ces dernières années. Par ailleurs, la justice enquête de nouveau sur l'ancien ministre de l'Énergie Chakib Khelil, très proche du clan Bouteflika.

Certains observateurs voient dans ces enquêtes une forme de "deal" implicite offert aux manifestants : les têtes des "corrompus" ou des symboles du pouvoir, contre un assouplissement des revendications notamment sur la présidentielle, prévue le 4 juillet. Les manifestants, eux, continuent de douter de la régularité du scrutin.

Avec AFP