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Les actionnaires de Nissan, réunis lundi à Tokyo, ont voté la révocation du mandat d'administrateur de Carlos Ghosn, déjà limogé de la présidence après son arrestation initiale en novembre. Il était à la tête de la marque japonaise depuis vingt ans.

Après vingt ans de règne, Carlos Ghosn, actuellement incarcéré, a été écarté de Nissan. Réunis à Tokyo lundi 8 avril, les actionnaires du constructeur automobile japonais ont voté la révocation du mandat d'administrateur de celui qui a sauvé et dirigé le groupe, coupant ainsi tout lien avec lui.

La direction de Nissan s'était empressée de destituer de la présidence le tout-puissant magnat de l'automobile juste après son arrestation initiale le 19 novembre, mais il fallait l'aval des actionnaires pour le démettre de son poste d'administrateur.

"Il s'est passé quatre mois depuis l'événement de novembre, Nissan est à un moment critique (...) pour tirer un trait" sur cet épisode "et franchir une nouvelle étape dans la réforme de gouvernance", a lancé Hiroto Saikawa, le patron exécutif, devant près de 4 200 participants, évoquant à plusieurs reprises "un important jalon".

Le président de Renault élu membre du conseil d'administration

Mais des actionnaires ont émis des doutes. "Je suis sûr que vous étiez au courant. Vous devez être tenu pour responsable !", s'est offusqué l'un d'eux. Hiroto Saikawa a reconnu "de sérieux problèmes" de gouvernance, "la peur des employés" qui n'osaient s'opposer à Carlos Ghosn, et a promis de passer la main une fois qu'il aurait "remis la compagnie sur la voie de la croissance".

Outre le renvoi de l'ancien patron français, l'AG a approuvé celui de son ex-bras droit, Greg Kelly, inculpé sur un volet de l'affaire, et a entériné l'élection comme membre du conseil d'administration du président de Renault, Jean-Dominique Senard.

Une nouvelle instance tripartite entre Renault, Nissan et Mitsubishi Motors

L'assemblée générale de lundi a été l'occasion pour les deux alliés d'afficher devant les actionnaires leur entente retrouvée après des semaines de discorde, l'affaire Ghosn ayant réveillé des rancoeurs au sein de Nissan. Sous la houlette de Jean-Dominique Senard, l'alliance a déjà décidé de faire table rase de la structure passée, jugée opaque, et mis en place le 12 mars un conseil opérationnel censé fonctionner sur la base du consensus entre ses trois membres, Renault, Nissan et Mitsubishi Motors.

Cette nouvelle instance tripartite, doit se réunir pour la première fois ce vendredi à Paris.

Pour un des actionnaires, Carlos Ghosn est "le mal absolu"

L'AG se déroulait quelques jours après une nouvelle interpellation de l'ex-PDG de Renault-Nissan, désormais réduit au silence alors qu'il avait annoncé une conférence de presse pour le 11 avril. Déjà inculpé à trois reprises, Carlos Ghosn est actuellement entendu par les enquêteurs du parquet de Tokyo sur des soupçons de détournement de fonds de Nissan.

Sa femme, elle, a quitté à la hâte le Japon où les procureurs voulaient, selon des médias locaux, l'interroger. Selon elle, une vidéo "désignant les responsables de ce qui lui est arrivé", sera diffusée mardi. Carlos Ghosn s'est redit victime d'un "complot" orchestré par des dirigeants du groupe nippon souhaitant empêcher un projet d'intégration plus poussée avec Renault. "L'autre partie (de l'explication), c'est la détérioration de la performance de Nissan depuis deux ans", a souligné le magnat déchu de 65 ans lors d'un entretien accordé la semaine dernière à une télévision française. "Je suis très préoccupé".

Avec AFP