Les militaires de l'opération Sentinelle seront mobilisés, samedi, dans le cadre des manifestations des Gilets jaunes, afin de protéger les bâtiments officiels. Une mobilisation sans précédent de l'armée sur le territoire depuis la guerre d'Algérie.
La mission antiterroriste militaire Sentinelle sera mobilisée de manière "renforcée" samedi 23 mars, dans le cadre des manifestations des Gilets jaunes. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a expliqué, mercredi 20 mars, que cette mesure permettrait de protéger des bâtiments officiels et autres "points fixes".
Annoncée par Emmanuel Macron en Conseil des ministres, cette initiative permettra aux forces de l'ordre de se "concentrer sur les mouvements, sur le maintien et le rétablissement de l'ordre", a justifié le porte-parole.
"On a à notre disposition cette mission Sentinelle assurée par des militaires et qui ont parfaitement vocation à sécuriser les lieux, comme d'ailleurs nos concitoyens ont l'habitude de les voir", a-t-il poursuivi.
Manifestations interdites sur les Champs-Élysées et dans certains quartiers des grandes villes en cas de présence d'"ultras", préfet de police de Paris remplacé, contraventions alourdies… Le Premier ministre, Édouard Philippe, avait annoncé, à l’issue de l'acte 18, une batterie de mesures pour répondre aux violences ayant marqué la dernière manifestation, samedi 16 mars à Paris.
Mobilisation sans précédent de l’armée
Selon Grégory Joron, secrétaire national CRS d'Unité-SGP-FO, 'si les militaires Sentinelle sont sur de la garde de bâtiment, cela va permettre de dégager quelques unités de forces mobiles et cela donnera davantage de mobilité aux compagnies manœuvrantes pour aller sur les points chauds".
"Ce qui m'inquiète, c'est la riposte en cas d'attaque", a commenté pour sa part Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa-Police.
Côté politique, Jean-Luc Mélenchon, dirigeant de la France insoumise (LFI), a immédiatement réagi sur Twitter.
Quelles que soient les circonstances, l'armée ne peut et ne doit assurer aucune tâche de police. Ce n'est pas son métier. Il n'y a pas d'ennemi de l'intérieur en France.
Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 20 mars 2019De son côté, le député de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, a quant à lui fustigé l'initiative en évoquant une "escalade irresponsable"
Que je comprenne bien ? On en appelle à l’armée pour maintenir l’ordre dans la rue ? Les militaires sont appelés à tirer pour protéger les bâtiments ? Les #Giletsjaunes sont assimilés aux terroristes ? Cette escalade est irresponsable https://t.co/NMg01y0GdU
Eric Coquerel (@ericcoquerel) 20 mars 2019L'opération Sentinelle n’ayant pas pour mission le maintien de l'ordre, son déploiement représente une mobilisation sans précédent de l'armée sur le territoire national depuis la guerre d'Algérie.
Depuis les attentats de janvier 2015 à Paris, quelque 7 000 militaires sont déployés en permanence dans ce cadre, dont la moitié en région parisienne. Ils protègent également des sites religieux (synagogues, mosquées...), des lieux particulièrement exposés au risque terroriste ou très fréquentés (lieux touristiques, gares…), et sont présents de manière quasi permanente sur certains sites comme les aéroports ou les musées.
Avec AFP