
Les députés britanniques doivent voter une seconde fois, mardi, sur l'accord de Brexit conclu entre Theresa May et Bruxelles. Un rejet du texte ouvrirait la voie à une nouvelle série de votes cruciaux au Parlement.
C'est désormais une affaire de famille. À l’approche du fatidique 29 mars, date de la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), Bruxelles estime avoir fait son maximum. Et juge qu'il appartient dorénavant au gouvernement de Theresa May de s’entendre avec les députés britanniques pour sortir l’épineux Brexit de l'impasse.
"Nous avons fait des propositions constructives que j'ai rappelées vendredi, a déclaré lundi 11 mars à l'AFP le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier, à son arrivée à une réunion avec des ambassadeurs des 27 à Bruxelles. Nous avons discuté tout le week-end et désormais les discussions, les négociations, sont entre le gouvernement à Londres et le Parlement à Londres."
Rien n’indique toutefois que les deux parties parviennent à se mettre au diapason. Il y a deux mois, la Chambre des communes avait rejeté à une majorité massive l'accord de divorce conclu fin novembre par la Première ministre britannique avec Bruxelles, la renvoyant à la table des négociations. Mais alors que les députés se préparent à voter une seconde fois sur le texte mardi, il apparaît de plus en plus que Theresa May n'aura pas grand-chose à leur présenter de neuf, ouvrant la voie à une nouvelle défaite humiliante.
"Les discussions avec l'UE sont en cours", a toutefois affirmé lundi un porte-parole de la dirigeante conservatrice. L’une des principales pierres d’achoppement concerne le "filet de sécurité irlandais", le "backstop", un dispositif du traité de retrait qui éviterait le retour d'une frontière entre les deux Irlande, afin de préserver les accords de paix de 1998.
Vote, vote et revote...
Selon Simon Coveney, le ministre irlandais des Affaires étrangères, il se pourrait que Theresa May se rende à Strasbourg dans la soirée de lundi afin d’"essayer de finaliser" un dernier compromis avec les Européens. "Les négociations sont en cours. Beaucoup avaient espéré que nous aurions des éclaircissements à ce stade, en particulier avant le vote de demain. Mais ce n'est pas encore le cas", a-t-il déclaré devant la presse.
En l'absence de résultat tangible dans les discussions, les spéculations allaient bon train dans la capitale britannique. Le scénario qui se profile est celui d’un rejet de l'accord, mardi. Ce qui pourrait signifier que le Royaume-Uni quittera l'UE dans le chaos le 29 mars, après 46 ans d'une relation souvent houleuse. Car si le texte devait être rejeté, Theresa May a décidé d'organiser un vote mercredi sur la possibilité de sortir de l'UE sans accord.
Si les députés refusent l'option du no-deal, ils voteront jeudi sur une proposition de report "limité" du Brexit, au-delà du 29 mars. Mais les 27 pays de l'UE devront donner leur accord et les dirigeants européens ont prévenu que pour être accepté, tout report devra être dûment justifié. Les Européens n'accepteront pas "d'avancer à l'aveugle", leur position sera fonction "de la durée et de la finalité de l'extension demandée", estime un diplomate à l’AFP.
D’autres ont déjà sorti leur calculatrice. Pour le quotidien The Daily Telegraph, un report du Brexit pourrait coûter plus d'un milliard de livres par mois.
Avec AFP