Pour la première fois depuis le début des manifestations contre un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika, le gouvernement algérien réagit officiellement en affirmant que "chacun choisira librement par les urnes".
L'élection présidentielle en Algérie aura "lieu dans moins de deux mois, chacun choisira librement", a répondu le Premier ministre algérien aux protestataires, lundi 25 février. Ahmed Ouyahia a ainsi écarté implicitement tout renoncement du président en exercice à briguer un nouveau mandat, alors que les manifestations contre la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat se sont multipliées ces derniers jours dans le pays et à l'étranger.
"Chacun a le droit de défendre son candidat et d'être contre tout autre candidat, les urnes trancheront de manière pacifique et civilisée", a-t-il déclaré lors de son discours annuel de politique générale devant l'Assemblée populaire nationale (APN).
Répondant à "l'appel au changement" lancé par les manifestants, il a souligné qu'en annonçant sa candidature, Abdelaziz Bouteflika a promis "dans le cas où il serait élu, une conférence sans précédent dans l'histoire de l'Algérie", ouvertes à tous et où il sera débattu "de tout".
Des milliers de manifestants dans les rues
Le chef du gouvernement a par ailleurs appelé les Algériens à "la vigilance" car les "appels à manifester sont d'origine inconnue" et mis en garde "face au risque de dérapages dangereux". "L'Algérie a vécu suffisamment de souffrances et connu suffisamment de réformes pour avoir obtenu la possibilité de choisir dans le calme et la paix", a-t-il ajouté.
Des dizaines de milliers d'Algériens sont descendus vendredi 22 février dans la rue, notamment à Alger où les manifestations sont strictement interdites. Cette vague de protestation a surpris par son ampleur. Dimanche, un autre rassemblement à Alger, à l'appel d'un mouvement citoyen qui peine d'habitude à mobiliser a rassemblé plusieurs centaines de personnes dans le centre de la capitale malgré un dispositif policier important.
Le président Bouteflika, 81 ans et affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC, a mis fin le 10 février à des mois d'interrogations sur ses intentions, en annonçant qu'il briguerait un cinquième mandat lors de la présidentielle du 18 avril.
Avec AFP